Mon maire chez les « gauchistes » !

Depuis jeudi, et jusqu’au 15 novembre, se tient à Bourges le 1er Forum Social Local du Cher. C’est avec une pointe d’humour que l’Agitateur avait intitulé cette manifestation le « off » du Forum Social de Bourges, seconde édition, organisé par Serge Lepeltier, maire de Bourges, en ce moment même. En aucun cas, les organisateurs ne font leur cette appellation, comme semble le croire le Berry Républicain dans l’article qu’il lui consacre. Nous allons y revenir.
On se rappelle en effet les protestations de plusieurs associations concernant le « détournement de label » par le maire de Bourges l’année dernière.
Le maire n’avait pas voulu revenir sur l’intitulé de sa manifestation, arguant que le terme « Forum social » n’est pas un label déposé.

Vendredi soir, les habitués du Café décroissant — qui se tient tous les mois au Guillotin, place Gordaine — ont vu avec une certaine surprise le maire venir s’installer au 1er rang de la conférence de Léon de Mattis portant sur les origines de la crise actuelle du capitalisme, conférence-débat qui se tenait précisément dans le cadre du Forum Social Local du Cher. Mais pourquoi pas, après tout. Il n’est jamais trop tard pour s’informer (et débattre)... Et Serge Lepeltier était le bienvenu, comme tous les berruyers d’ailleurs.

Le maire de Bourges voulait-il vraiment connaître l’opinion d’un communisateur [1] sur les origines de la crise actuelle du capitalisme, ou soignait-il sa com’, en cultivant l’image d’un homme politique ouvert au débat des idées ? La presse régionale était en tout cas au courant de sa venue, puisqu’un journaliste du Berry Républicain était dans la salle. Pour couvrir l’événement, pensez ! : mon maire chez les « gauchistes » !

Samedi, un article signé Benoît Morin — qui ne s’est pas présenté aux organisateurs de la soirée — relatait l’événement. L’unique journal local passe la brosse à reluire au 1er magistrat de Bourges, enfilant perles et inexactitudes. D’abord le Forum Social Local du Cher n’est pas le « off » du forum du maire. Ensuite Serge Lepeltier ne s’est pas invité au FSL du Cher (comme le titre le BR) : il a été invité par les organisateurs [2]. Enfin, le propos de Léon de Mattis (mal orthographié à deux reprises) n’était pas une « attaque générale du capitalisme », mais une critique précise et argumentée de l’analyse selon laquelle l’origine de la crise actuelle du capitalisme est à rechercher dans la croissance d’un capitalisme financier depuis le début des années 80. Comme si la situation pouvait se rétablir par la refondation d’un « bon capitalisme », celui des trente glorieuses, par le biais en particulier de nouvelles régulations. Critique pertinente, et débat important à gauche ; car la plupart des organisations de gauche et d’extrême gauche, y compris parmi celles qui organisent le Forum Social Local du Cher, s’en tiennent souvent à cette critique courte du capitalisme.

Mais pour comprendre et restituer les enjeux de se qui se discutait vendredi soir au Guillotin, il eût fallu que notre plumitif écoutât ce qui s’y disait. À l’évidence, il n’était pas là pour ça.