« Forum social » de Lepeltier : des organisations s’indignent

Détournement de concept et captation d’héritage : un certain nombre d’organisations et de syndicats (Attac18, Confédération paysanne, FSU, LDH, Mouvement de la Paix, Union syndicale Solidaires) s’indignent du choix du maire Serge Lepeltier d’intituler la semaine organisée par la municipalité autour de la vie des associations, leurs fonctionnements et leurs problèmes, un « Forum Social ». Attac18, première concernée, fait remarquer dans une lettre commune adressée au maire que « le principe du forum social se réfère au 1er Forum Social Mondial (ou FSM) qui a eu lieu à Porto Alegre au Brésil en 2001 : il s’agissait d’un forum international, à l’initiative d’organisations citoyennes, avec pour but de rassembler des organisations du monde entier, sensibles à la cause altermondialiste » Elle souligne que « les forums sociaux à toutes les échelles sont régis par la Charte des principes du FSM. Les plus importants sont : l’opposition à l’ordre néo-libéral caractérisant la mondialisation actuelle, l’ouverture à tous les courants idéologiques pour des projets alternatifs, l’absence des partis politiques en tant que tels  » En conséquence, elle constate que « cette notion de « Forum Social » est détournée dès lors qu’une municipalité s’empare de cette appellation » et demande « que le terme "Forum Social" ne soit plus utilisé par la Municipalité de Bourges ».

Sa Majesté, dans la gazette du royaume, le Berry Républicain, a consenti à s’exprimer. Elle considère que «  le mot Forum Social n’appartient à personne », et royalement annonce qu’elle n’a pas l’intention de changer le nom de l’événement pour sa prochaine édition.

C’est clair. Attac18, qui avait invité il y a quelques années S. Lepeltier à débattre avec J. Nikonoff, lui donnant une tribune et laissant penser ainsi qu’il était un interlocuteur autorisé et informé pour débattre des problèmes traités par l’organisation altermondialiste, saura désormais à qui elle a affaire. Elle peut mesurer l’étendue de son honnêteté intellectuelle. Not’ bon roi aura manifesté la semaine dernière que son intérêt pour le « social » est à peu près aussi sincère que son goût pour l’écologie.

En brouillant les cartes, en vidant les mots de leur sens, il s’agit pour la droite libérale d’effacer les repères et de gommer les oppositions pour mieux faire passer ses projets dans l’opinion.

Il faut maintenant travailler à les rétablir et sortir du consensus mou. Il faut reconnaître que la vie politique est organisée autour de vrais conflits et de conceptions du monde antagonistes. Les organisations de gauche réformistes feraient bien d’enterrer leurs scrupules de « démocrates » et de désigner à l’avenir plus clairement leurs adversaires.