L’EPCC sans débat dans la presse locale

mercredi 1er octobre 2008 à 13:22

L’article de ce jour publié dans Le Berry Républicain relatif au changement de l’association de la Maison de la Culture de Bourges en Etablissement Public de Coopération Culturelle explique malheureusement sans doute les difficultés de la presse quotidienne régionale en général et du BR et de la NR en particulier. On peut y lire un article qui se fait le relais non critique de la parole de Dieu (alias Philippe Gitton, maire adjoint délégué à la culture) qui confirme bien entendu le changement de l’asso de la MCB en EPCC (avec un coup d’accélérateur donné la semaine dernière).

Ainsi, Philippe Gitton jure que l’EPCC n’interviendra pas dans les choix de programmation, et que l’asso de la MCB sera représentée au sein de l’EPCC. il justifie aussi ce changement par l’importance du budget de la MCB (plus de 3 millions d’euros) trop lourd et risqué à gérer dans le cadre d’une association.

Sauf que :

 Juridiquement, rien n’interdit à l’EPCC d’intervenir sur les choix de programmation du directeur. L’EPCC a même toute légitimité pour le faire et rien ne l’empêche de le faire, à part un engagement moral, qui, en politique ne vaut absolument rien. Quand on voit comment Serge Lepeltier a critiqué les choix de programmation de la Maison de la Culture durant les élections municipales, il est évident que la municipalité donnera au directeur ses recommandations et directives et que les prochains directeurs seront encore davantage sous la coupe de la mairie de Bourges et de l’Etat.

 Sur l’intégration de représentants de l’association et d’adhérents de la Maison de la Culture dans l’EPCC : la définition même de l’EPCC indique que les représentants des institutions publiques créant l’EPCC (mairie de Bourges, Etat), doivent être majoritaires. Autrement dit : il est possible d’intégrer n’importe qui d’autre mais ils seront minoritaires. Par ailleurs, cette minorité doit être désignée par la majorité (les représentants des institutions publiques) : on voit bien que la mairie et l’Etat ne vont pas se tirer une balle dans le pied. Bref : c’est une expression démocratique de façade : les représentants des adhérents et de l’asso pourront dire ce qu’ils veulent, leur poids au sein de cet EPCC sera nul au moment des décisions finales.

 Poussons la logique plus loin : si à partir d’un certain budget une asso doit être transformée en EPCC... quid par exemple du Printemps de Bourges qui est ultra subventionné avec des sommes vertigineuses qui sont en jeu ? Le maire de Bourges va-t-il s’accaparer le Printemps de Bourges ? Bref, cet argument de Philippe Gitton aurait mérité d’être mis un peu plus à l’épreuve du Berry Républicain.

Une fois de plus, la presse locale présente les choses comme un fait accompli qui ne se discute pas et se fait le porte-voix des institutions sans se poser de questions, sans faire preuve d’un minimum d’esprit critique, sans ouvrir le débat auprès de ses lecteurs qui sont avant tout des citoyens et des électeurs...


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commentaires
L’EPCC sans débat dans la presse locale - bombix - 2 octobre 2008 à 20:01

Une fois de plus, la presse locale présente les choses comme un fait accompli qui ne se discute pas et se fait le porte-voix des institutions sans se poser de questions

Silence radio également du côté de l’opposition municipale. Pas le moindre petit bout de début de commentaire sur les blogs des élus ou des organisations. Peut-être certain(e)s peaufinent-ils leurs analyses...


#14155
L’EPCC sans débat dans la presse locale - Jean-Michel Pinon - 4 octobre 2008 à  11:56

Dans l’édition du samedi 4 octobre du Berry Républicain, Yann Galut, vice-président du Conseil Général du Cher a pu réagir sur la transformation de l’association de la Maison de la Culture en EPCC :

 tout d’abord - comme nous l’écrivions - il déplore que le Conseil Général n’ait été averti de cette transformation que le 25 septembre, date du Conseil d’Administration. Bref la mairie de Bourges fait ce qu’elle veut et le CG est sensé suivre comme un gentil petit toutou...
 ensuite il confirme que cette transformation aura forcément des incidences sur les choix de programmation, contrairement à ce qu’affirmait le maire adjoint à la culture, M. Philippe Gitton.
 enfin, sur le principe il n’est pas opposé à cette transformation qui est censée permettre sur le plan financier une gestion plus rigoureuse. Cependant, il n’est pas question pour le conseil Général du Cher de rajouter un centime d’euros en plus des aides déjà attribuées. Il s’en explique par le fait que ce n’est pas au Conseil Général de se substituer au désengagement de l’Etat puisque la MCB est une scène nationale.

Pas de déclaration en revanche sur l’absence de démocratie et de participation citoyenne qu’implique le choix de transformation en EPCC qui transforment les collectivités publiques en organisateurs de spectacles et en fabriquant de norme culturelle à faire ingurgiter à la population. Une vision soviétique de la culture. paradoxal pour une ville de droite...

#14166 | Répond au message #14155
L’EPCC sans débat dans la presse locale - 4 octobre 2008 à  12:57

Une vision soviétique de la culture. paradoxal pour une ville de droite...

Est-ce bien si pardoxal ?

#14167 | Répond au message #14166