L’article de ce jour publié dans Le Berry Républicain relatif au changement de l’association de la Maison de la Culture de Bourges en Etablissement Public de Coopération Culturelle explique malheureusement sans doute les difficultés de la presse quotidienne régionale en général et du BR et de la NR en particulier. On peut y lire un article qui se fait le relais non critique de la parole de Dieu (alias Philippe Gitton, maire adjoint délégué à la culture) qui confirme bien entendu le changement de l’asso de la MCB en EPCC (avec un coup d’accélérateur donné la semaine dernière).
Ainsi, Philippe Gitton jure que l’EPCC n’interviendra pas dans les choix de programmation, et que l’asso de la MCB sera représentée au sein de l’EPCC. il justifie aussi ce changement par l’importance du budget de la MCB (plus de 3 millions d’euros) trop lourd et risqué à gérer dans le cadre d’une association.
Sauf que :
– Juridiquement, rien n’interdit à l’EPCC d’intervenir sur les choix de programmation du directeur. L’EPCC a même toute légitimité pour le faire et rien ne l’empêche de le faire, à part un engagement moral, qui, en politique ne vaut absolument rien. Quand on voit comment Serge Lepeltier a critiqué les choix de programmation de la Maison de la Culture durant les élections municipales, il est évident que la municipalité donnera au directeur ses recommandations et directives et que les prochains directeurs seront encore davantage sous la coupe de la mairie de Bourges et de l’Etat.
– Sur l’intégration de représentants de l’association et d’adhérents de la Maison de la Culture dans l’EPCC : la définition même de l’EPCC indique que les représentants des institutions publiques créant l’EPCC (mairie de Bourges, Etat), doivent être majoritaires. Autrement dit : il est possible d’intégrer n’importe qui d’autre mais ils seront minoritaires. Par ailleurs, cette minorité doit être désignée par la majorité (les représentants des institutions publiques) : on voit bien que la mairie et l’Etat ne vont pas se tirer une balle dans le pied. Bref : c’est une expression démocratique de façade : les représentants des adhérents et de l’asso pourront dire ce qu’ils veulent, leur poids au sein de cet EPCC sera nul au moment des décisions finales.
– Poussons la logique plus loin : si à partir d’un certain budget une asso doit être transformée en EPCC... quid par exemple du Printemps de Bourges qui est ultra subventionné avec des sommes vertigineuses qui sont en jeu ? Le maire de Bourges va-t-il s’accaparer le Printemps de Bourges ? Bref, cet argument de Philippe Gitton aurait mérité d’être mis un peu plus à l’épreuve du Berry Républicain.
Une fois de plus, la presse locale présente les choses comme un fait accompli qui ne se discute pas et se fait le porte-voix des institutions sans se poser de questions, sans faire preuve d’un minimum d’esprit critique, sans ouvrir le débat auprès de ses lecteurs qui sont avant tout des citoyens et des électeurs...