Serge Lepeltier veut continuer son « combat » pour l’écologie
Il n’est pas resté très longtemps au Ministère de l’Ecologie et n’a pas pu faire grand-chose. Pourtant, le maire de Bourges, Serge Lepeltier qui aurait pu être écoeuré par cette expérience globalement négative n’a pas dit son dernier mot. A Bourges, il lance « son » festival « international » du film écologique. En novembre, il devrait également officialiser le lancement de « son » association écologique, « Valeur Ecologie ».
Est-il sincère dans ses convictions ? Roland Narboux, son fidèle maire-adjoint chargé du tourisme et de l’urbanisme, écrit de lui sur son site internet de L’Encyclopédie de Bourges : « Par opportunisme politique d’abord et par goût ensuite, Serge Lepeltier (s’est lancé) dans la lutte pour l’environnement ». Dès lors, deux visions s’opposent quant à la perception des récentes initiatives de Serge Lepeltier, en matière d’environnement et de développement durable.
Sortir de la gadoue. Il y a d’abord les septiques - probablement les plus nombreux - qui se disent que si Serge Lepeltier a été incapable d’agir alors qu’il en avait le pouvoir grâce à sa fonction de Ministre de l’Environnement, il y a peu de chance pour que son action puisse être plus efficace maintenant qu’il n’a plus aucune responsabilité nationale et qu’il se retrouve tricard, y compris dans « sa » ville de Bourges et « son » département du Cher et jusque dans son propre camp politique. Serge Lepeltier n’est plus respecté ni pris au sérieux. Ainsi, il y a quelques jours, sur France 3 Centre, Serge Lepeltier s’est fait chahuter par un journaliste particulièrement hargneux qui lui a reproché avec un sourire entendu, moqueur et presque carnassier de s’être fait dévorer tout cru par les lobbies. Il y a encore très peu de temps, Serge Lepeltier se serait sans doute offert une interview très complaisante.
Et puis il y a ses amis - peu nombreux, certes, mais précieux car ils ont au moins le mérite de rester fidèles dans l’adversité - qui ont une autre vision. Eux estiment qu’à défaut d’agir, le Ministre de l’Environnement a pu observer. Il a pu observer toutes les incohérences et toutes les difficultés de fonctionnement du ministère dont il a eu épisodiquement la charge. Et aujourd’hui, fort de cette expérience il est en mesure d’en tirer des conclusions pour, à terme, réapparaître sur le devant de la scène et être celui qui sera capable d’intégrer le souci environnemental dans le débat politique Français. Serge Lepeltier est persuadé qu’il peut rebondir en se basant sur le principe que c’est sur des échecs que l’on fonde les plus grandes victoires.
Pour que l’UMP cesse de déserter le débat sur l’écologie. Et c’est dans cet état d’esprit que Serge Lepeltier a annoncé la création d’un groupe de réflexion et d’action, « Valeur Ecologie », dont l’acte de naissance est prévu pour le mois de novembre. Au lendemain de son éviction du Ministère de l’Environnement, Serge Lepeltier avait affirmé sa volonté de continuer son combat pour l’environnement. Il avait déjà tiré quelques conclusions de son expérience de ministre, déclarant qu’il était « absurde » que le ministère de l’écologie ne soit pas responsable du développement des énergies renouvelables. Il avait aussi estimé que le ministère de l’écologie devrait être placé dans la hiérarchie du gouvernement au même niveau que le ministère de la défense ou des affaires étrangères, plaidant pour une part de 1% du budget gouvernemental dédié à l’environnement, soit trois fois plus que ce qui est alloué aujourd’hui à la nouvelle ministre Nelly Olin. Avec l’annonce de la création de Valeur Ecologie, Serge Lepeltier va plus loin dans la critique de l’action gouvernementale dans le domaine de l’écologie. Dans une dépêche AFP, il s’exprime sans détours : « Je continue mon combat pour que ma famille politique - l’UMP - cesse de déserter le champ de l’écologie. » Là encore est-il sincère ? Ne cherche-il pas à se faire une place facile et à se créer une image de « Monsieur écologie de l’UMP », un domaine particulièrement « déserté », comme il le dit lui-même, par le parti de M. Nicolas Sarkozy ? Difficile de se faire une idée. Mais il est certain que compte tenu de sa défaite douloureuse aux élections sénatoriales partielles, Serge Lepeltier n’a pas d’autres solution que de creuser le sillon des valeurs écologiques pour ne pas rester dans le total anonymat et dans l’isolement dans lequel il se trouve actuellement.
Le second champ d’action de Serge Lepeltier en matière d’écologie est évidement le premier « Festival International du Film Ecologique » qui se déroule à Bourges du 6 au 9 octobre 2005. L’initiative peut faire sourire et en agacer quelques uns. D’abord, le qualificatif de « International » pourrait être interprété comme une marque d’esbroufe voire de mégalomanie tant le rayonnement de cette manifestation - pour cette première édition du moins - semble bien local et semble bien parti pour se dérouler dans une douce indifférence nationale. Ensuite, parce qu’il s’agit - encore - une opération montée de toute pièce par Serge Lepeltier qui s’est improvisé organisateur de spectacle. Tout cela est une fois de plus financé par des fonds publics, et organisé par la très municipale Agence Culturelle de Bourges, pour le plus grand bonheur des « Rives d’Auron » société de spectacle dirigée d’une main experte par celui que beaucoup surnomment « le Bernard Tapie des loisirs et de la culture de marché », Daniel Colling. Au-delà de ces considérations d’éthique et de morale plus que douteuses, cette manifestation n’en demeurera pas moins l’occasion de débats et de réflexions dont on peut espérer qu’elles ne soient pas trop consensuelles. Il n’y aurait rien de pire que de discuter d’écologie autour d’un verre de champagne et de faire de « l’écologie de droite » qui reste encore à définir, un vulgaire sujet de conversation de quelques mondains en mal de convictions.