Ce mardi soir, donc, le 22 septembre, c’était l’émission Secrets d’Histoire, présentée par Stéphane Bern sur France 2. L’histoire de "Jeanne d’Arc, au nom de Dieu" a été suivie par près de 3 millions de téléspectateurs. L’émission avait bien sûr convoqué gens d’Histoire, guides, et tout, et tout – il y avait même maître Badinter. Et des extraits de films égayaient cette émission.
Et fatalement, on en arriva au bûcher, illustré par un extrait de film. Voici une image écran capturée vers la fin de l’émission :
Hep, gentes gens de Bourges, avez-vous vu le bûcher ? Avez-vous bien vu ? Pas le tas de fagots, béotiennes et béotiens ! mais autour ? Mais oui, on n’est pas à Rouen, mais... à Bourges. Le bûcher est dressé place Etienne Dolet, entre la cathédrale et l’ancienne mairie. Ça y est ? Vous vous repérez ? Pour les gentes gens qui souffrent de crétinisme topographique congénital, voici une autre capture écran :
Vous la reconnaissez ? Pas la belle Cécile Magnet, mais la cathédrale ? mouih ?
Maintenant, plus difficile, avec une autre capture écran de l’émission de mardi. On est où là ? Pas facile, avec ce tout petit bout d’extrait diffusé mardi soir.
Mouaih ? Je vais vous aider. Si on prend un extrait du film d’où est tirée cette séquence, et qu’on rembobine quelques instants avant la petite séquence diffusée, on pouvait voir ça :
Ah ? Ça vous dit quelque chose ? Et vous remarquez que le bon peuple semble étagé sur des marches ? Mais oui, on est sur le coté de la cathédrale, point de vue depuis la rue des 3 Maillets.
Ah ça alors ! C’est tout bête : en 1988, Pierre Badel avait tourné pour la télévision un monumental Jeanne d’Arc, le pouvoir de l’innocence, diffusé en trois parties en 1989. Certains moments de ce télé-film avaient été tournés à Bourges : l’annonce faite à Charles VII de l’existence de Jeanne (dans le palais Jacques-Coeur), le sacre du roi à Reims (dans la cathédrale de Bourges), le début de la fin à Compiègne (coté rue des 3 Maillets), le bûcher de Rouen (place Etienne Dolet). Après tout, c’est logique pour Bourges, une ville qui a donné naissance à la chanson française avec une chanson sur le dauphin futur Charles VII, le petit roi de Bourges.
A Bourges, on ne voit certainement pas un tel feu de la Saint-Jean souvent !
Jeanne d’Arc à Bourges, pour de vrai ?!... Ce n’est pucelle qu’on croit...
- Cyrano
- 28 septembre 2015 à 18:49
Bah, Mon article ne cherche pas à être une leçon d’Histoire de France ou un modèle d’érudition, juste un amusement puisque on y voyait la Jeanne brûler à Bourges. Ensuite, que ce soit le bourreau qui a brulé la donzelle, ou des cathos à la solde des anglais, ou les anglais, tout ça revient quand même au anglais.
Et je crois humblement qu’il ne faut pas confondre une émission populaire sur un sujet et un gros-gros livre ou de grandes-grandes conférences d’historien sur ce sujet. Justement, l’histoire nous a légué assez d’images, de reproductions pour qu’on s’en serve - et aussi, plus récemment, des reconstitutions filmées. Et tout ça en couleurs. Ça participe du plaisir des divers sens – l’émission La Caméra explore le temps avait cette noble ambition d’intéresser un grand nombre (y’a longtemps, dans les années 1960) et en noir et blanc sur un ch’tit bout d’écran que nous jugerions aujourd’hui ridicule.
En tout cas, pour environ 200 personnes de Bourges, le tournage d’une partie de Jeanne d’Arc à Bourges fut un bel amusement (même si les journées étaient fort longue).
Jeanne d’Arc à Bourges, pour de vrai ?!... Ce n’est pucelle qu’on croit...
- epujsv
- 28 septembre 2015 à 20:22
Une emission "populaire" qui concerne quand même je ne sais combien de téléspectateurs et qui se revendique comme un document d’histoire. C’est l’emission qui entretient la confusion. Elle a ses responsabilités.
Non, dans le documentaire que j’ai regardé, il n’y a pas de grandes-grandes conférences. C’est très humble au contraire.C’est accessible à tous. Et passionnant. Ca tient en "haleine". C’est un récit chronologique, sur des faits, etc... L’esprit de chacun est respecté. On ne cherche pas à l’éblouir. Mais à lui apprendre. Certes, ensuite, à chacun de se demander si ce monsieur historien n’a pas lui même un point de vue subjectif. Bien sur que oui d’ailleurs puisqu’il le dit lui même. Il situe les spectateurs dans sa démarche, dans sa pensée. Et c’est bien plus honnête intellectuellement que ces emissions dites populaires fabriquées par des vassaux du star système et qui se prétendent érudits.
Non, ça ne revient pas exactement aux anglais... justement. C’est plus compliqué.
Je me demande vraiment pourquoi le tournage a été fait à Bourges. Chinon et Rouen coutaient-ils trop cher en location de lieux historiques pour le tournage du film ? d’autres raisons ?
Ah oui, je ne doute pas que faire figurants dans ce téléfilm devait être amusant.... Et votre article est amusant, là n’est pas la question... ;-)
Le téléfilm en question est issu d’un livre d’un académicien, haut fonctionnaire, et romancier qui était en retraite au moment du téléfilm : Pierre Moinot lui-même scénariste (de fait) du téléfilm. Il a été conseiller de Malraux et a conçu la première maison de la culture :-). C’est lui qui a mis en place l’avance sur recette pour l’industrie cinématographique, notamment. Il a travaillé à l’Unesco aussi. En 81 il était président de la commission d’orientation de l’audiovisuel. La réalisation du téléfilm (1989) a été faite 1 an après que le FN fête Jeanne d’Arc le 1er mai (1988). Son livre est paru en 1988 chez Flammarion.
Je mets ces choses bout à bout, je n’en déduis rien de bien concret mais je me pose des questions. ;-).
Jeanne d’Arc à Bourges, pour de vrai ?!... Ce n’est pucelle qu’on croit...
- epujsv
- 28 septembre 2015 à 15:45
J’ignore si c’est cette émission qui est passée sur France 2 dernièrement, mais dès le début il y a de grosses conneries de racontées. La France n’existait pas telle qu’on la pense maintenant, (la Charité n’était pas en France par exemple) , la Pucelle ne signifiait pas être vierge à cette époque, mais simplment jeune fille, etc... Ceci dit, puisqu’on ne peut pas tout le temps réinventer toute l’histoire et que les travaux des historiens se recoupent malgré tout, il y a en effet des aspects communs avec les conférences de l’historien Henri Guillemin. Mais tout est histoire de présentation. Les "Secrets d’Histoire de Stéphane Bern" comme bien d’autres, nous étourdissent de sons, d’images accolées les unes aux autres de films, d’extraits cahotiques de paroles d’historiens etc... Il n’est jamais expliqué sur quels travaux antérieurs, actuels sont basés les études sur Jeanne d’Arc, etc...
Je ne suis pas "là" pour promouvoir cet historien Henri Guillemin que je viens seulement de découvrir, mais je pense qu’on en apprend 10 fois plus avec lui, dans un cadre posé, sans spectacle, etc... Ensuite, ça ne signifie pas qu’il est l’unique historien de Jeanne d’Arc, et il ne le prétendait pas d’ailleurs, mais il remet des choses à plat et nous ne berce pas d’illusions. D’ailleurs, contre tout attente, il ne nous présente pas Cauchon tel qu’on nous l’a toujours présenté. Bref, comme je viens de le lire sur le net, ce monsieur qui passait sur les services publics de chaines télévisées en Suisse, au Canada, n’est jamais passé sur les service public français. A la même époque nous avions Decaux, Bellemare, Ruggieri. Maintenant nous avons Bern, Deutsch, etc... pour continuer à entretenir les romans nationaux.
La question que je me pose suite à votre article, c’est : quand des films ou des documentaires sont réalisés sur l’héroïne- martyre-hérétique- réhabilitée- canoninisée- républicaine -patriote- nationaliste-royaliste-socialiste-transgenre chaque lieu historique ne demanderait-il pas sa part lors de la réalisation de ces films et docs : collectivités territoriales et évêchés ?
