Bourges ton cul !
« Mais qui peut avoir envie de s’impliquer face à tant d’insignifiance ? ». C’était la question que posait en forme de conclusion mon ami et camarade bombix dans son édito du mois titré l’ère du vide. Comment ne pas être d’accord avec cette analyse courte, implacable et saignante pour le personnel politique de la ville et du département ? Les politiques, toutes tendances confondues, trouveront certainement cette analyse injuste. En même temps, sont-ils vraiment capables de recul et ce, d’autant plus, en pleine campagne pour cette élection municipale 2014 qui, à Bourges, s’annonce indécise ? Et ne peuvent-ils pas répondre légitimement que l’on a le personnel politique que l’on mérite ?
Si il y avait un concours du slogan le plus creux dans cette élection municipale 2014, on aurait beaucoup de mal à partager les ex æquo. Le "Tous ensemble, allons encore plus loin" de Pascal Blanc (UDI) est, de loin, le plus osé. Après avoir participé à la destruction de la Maison de la Culture de Bourges, on a l’impression qu’il veut désormais s’attaquer à la cathédrale. Bon, blague à part, c’est creux mais pas plus creux que "Le Bourges autrement, Bourges vraiment !" d’Irène Félix (PS). Le autrement, c’est le changement certainement. Et le vraiment, un aveu des ratés du changement national qui n’est toujours pas maintenant. On passera sur le très cul-cul "Bourges à Cœur" qui place d’office Véronique Fenoll (UMP) au milieu des neuneus de la manif pour tous. Bourges, une fois son bon roi reparti à Paris, aura peut-être bientôt un papa et une maman. Sexy...ou pas ! Le "Bourges avant tout" de Franck Thomas-Richard (DVD tendance Blu-Ray [1] ) semble avant tout parler des ambitions personnelles à droite. Quand au "Bourges ensemble !" de Jean-Michel Guérineau, il montre là, aussi peu d’imagination que les autres...il se montre donc solidaire.
Il reste vraisemblablement des candidats et des listes qui vont se déclarer. Et donc des slogans à trouver. Alors on va soumettre un slogan qui pourrait être adapté à la situation : « Bourges ton cul ! ». Vous allez me dire, encore un truc vulgaire de l’Agitateur. Ben oui et non ! Car au final, que la ville bouge son cul, c’est bien le vrai message qu’il faudrait faire passer. Et une ville, ce sont bien entendu les politiques, majorité comme opposition. Mais avant tout les habitants. Certains feront remarquer qu’un paquet de berruyers ont bougé leur cul puisqu’il y en a 10 000 de moins qu’il y a 30 ans ! Une baisse de la population berruyère de 12,5% alors que dans le même temps, la population française a augmenté de plus de 15%. Ce n’est pas simplement un mauvais résultat : c’est une catastrophe démographique qui signifie forcément quelque chose et qui a elle seule est la démonstration, s’il en fallait une, de l’échec de la politique locale. Échec de notre bon roi Serge Lepeltier et de son équipe dont faisait partie Pascal Blanc, Véronique Fenoll et Alain Tanton qui dirigent la ville depuis 19 ans ; mais échec aussi au niveau du département du Cher dirigé par la gauche d’Irène Félix et Jean-Michel Guérineau depuis 2004, soit 10 ans maintenant.
Vous allez dire, alors tous nuls ? Que proposez-vous à part votre slogan qui refoule du derrière ? Eh bien pour une ville qui recule, on va proposer d’en prendre vraiment, du recul. Et de réfléchir au fond du problème. Pourquoi Bourges, le Cher, et plus largement, la région avec l’Indre, la Nièvre, l’Allier, la Creuse et d’autres départements de la diagonale du vide se vident de leur population ? Il y a 30 ans justement, on se posait déjà la question. Une population vieillissante, de moins en moins d’activité économique, des jeunes qui s’en vont, le constat était déjà posé. Et depuis 1997, à l’Agitateur, avec notre pessimisme réaliste, on ne cesse de dénoncer cela sous toutes ces formes. Les réponses, il y en avait déjà quelques-unes il y a 30 ans : autoroute, TGV, diversification des industries majoritairement militaires, développement universitaire. L’autoroute n’a pas fait de miracles. Le TGV, s’il arrive un jour à Bourges, arrivera bien trop tard et n’en fera pas plus. Le développement universitaire a été extrêmement limité. En 2014, à Bourges, il n’y a pas plus de vie universitaire (ou à peine plus) que dans les années 90. Aucune action n’a été réalisée dans ce sens. Quant à la diversification économique, Bourges n’a certainement jamais été aussi dépendante des activités militaires qu’aujourd’hui. Donc, en prenant un peu de recul, on se rend bien compte que la solution n’est pas forcément dans les mains de nos élus locaux mais dépend certainement beaucoup d’une volonté nationale. Mais la volonté nationale, il faut savoir la créer, et c’est là, que nos élus locaux depuis 30 ans sont mauvais : ils n’ont pas su vendre l’intérêt de ces villes, ces départements qui meurent à petit feu. Et bien entendu, la population est globalement complice : tout cela est traité avec un fatalisme qui fait peur à voir. La majorité de la population berruyère et plus largement du Berry, au fond, s’en fout que la région meure à petit feu. Les actifs qui n’ont pas d’emploi s’en vont chercher du boulot ailleurs. Une partie de actifs berruyers ou de la région ne sont là que de passage, de 3 à 5 ans. Les autres sont en retraite, lisent chaque jour le Berry Républicain en attendant de mourir. Jusqu’au jour où le Berry Républicain, lui-même, va mourir, faute de lecteurs.
Non, non ! N’allez pas chercher d’antidépresseurs, ce n’est pas la solution. La solution, oui, ce serait peut-être de se bouger vraiment le cul. De ne pas compter sur les autres. Mais il faut avoir la foi. Pas facile. C’est pour cela, qu’au fond, on ne peut être que déçu de la campagne municipale 2014 de Bourges qui patine dans la semoule et ne propose rien d’autre comme perspective que de continuer, plus ou moins, comme avant. Et c’est pour cela qu’au fond, mon seul désaccord avec l’édito de bombix serait sur le rôle de Jean-Michel Guérineau dans cette campagne. On sent bien que ce gars là, a un peu plus la gnaque que les autres. Il apporte des sujets, qui même si ils ne changeront rien fondamentalement comme les transports gratuits, pourraient être le début d’un déclic qui pourrait être suivi par d’autres. Alors attention, je ne suis pas en train de vous dire que Guérineau serait mon candidat. Mais juste qu’il y a certaines personnes, connues ou inconnues, qui dans la lumière ou dans l’ombre, peuvent faire bouger les choses.
Se bouger le cul, en français poli, ce serait se battre. Être combatif, ne pas partir perdant. Et si tous les candidats pouvaient avoir cela à l’esprit plutôt que de positiver des bilans foireux ou survendre des mots, ce serait déjà un bon début.