Conseil Municipal 29 mai 2012 : comme un mardi

Les bolchéviques élisent Marie-Odile Svabek

Jean-Bernard Milliard a tiré sa révérence le 12 avril dernier. Il faut donc le remplacer au poste d’Adjoint spécial d’Asnières. La majorité propose Marie-Odile Svabek. L’opposition décide de ne pas proposer de candidats et ne participe pas au vote. Chebili idem. Colette Cordat (Lutte Ouvrière) dit qu’elle ne participera pas à l’élection de la candidate « de droite ». Quoi ?! Droite ?! On entend quelqu’un de la majorité clamer que « c’est un candidat de la majorité et non un candidat de droite. ». OK, ne nous fâchons pas : en russe, pour désigner un membre de la majorité on dit "bolchévique", donc la dame n’est pas candidate de droite (non, pas de droite, arrêtez de pouffer de rire, c’est pas poli), elle est juste la candidate des bolchéviques.

Et elle est donc élue, 35 votants, 35 suffrages pour elle, bref, un score à la soviétique. Et la majorité applaudit ! et comme le ridicule ne tue pas (hélas, ça se saurait !), dans l’assistance aussi, y’en a qui applaudissent. Un poste gagné après un tel combat, ça enthousiasme ! Et vas-y que la maire lui fait la bise, et vas-y que monsieur Verdier lui fait la bise, et vas-y qu’on attife la dame avec une écharpe tricolore...

Burn-out ?

Rappel de l’épisode précédent : Marie-Odile Svabek est élue avec brio – oui, élue, rigolez pas, merde ! c’est sérieux, là – donc, on disait : élue au poste d’Adjoint Spécial d’Asnières-les-Bourges. Et elle va donc se trouver à occuper divers postes de délégué de la ville (laissé vacant après le décès de Jean-Bernard Milliard). La dame Marie-Odile occupe donc les postes délégué de la ville de Bourges au sein d’une litanie de commissions, conseils, institutions. On ne retient que les désignations comme délégué titulaire :

La dame Marie-Odile est ainsi déléguée à la Commission Travaux, Services Techniques, Circulation, Services concédés, personnes handicapées ; et aussi déléguée à la Communauté d’Agglomération de Bourges ; et aussi adjointe de quartier au Conseil de quartier Asnières ; si elle a le temps, elle est aussi déléguée au Conseil d’administration de Bourges-Habitat.
C’est pas fini. Elle est aussi déléguée à l’Association interdépartementale pour action Personnes handicapées ; et du coup, déléguée aussi au Groupement d’entraide départemental aux handicapés ; Pour faire bonne mesure, déléguée aussi IME-PEP 18 (Institut Médico-Educatifs - Pupilles Enseignement Public du Cher).
Eh ! c’est toujours pas fini, ça en devient presque drôle. La dame est aussi déléguée au Hameau de la Fraternité ; et bien sûr, aussi déléguée à la Maison des Jeunes et de la Culture d’Asnières.
Encore ? Oui, encore... Déléguée de la ville à l’Ecole maternelle d’Asnières ; et à l’Ecole Primaire Aragon-Prévert ; et à l’Ecole primaire Mâchereaux. Eh bin... Et où encore, pour en finir enfin ? Déléguée au collège Victor Hugo ; et aussi dans un lycée, le LEP Jean Mermoz.

Je n’ai pas compté combien ça fait de nominations déléguée, déléguée, déléguée. J’espère que madame Marie-Odile Svabek aura à cœur d’honorer toutes ses nominations et d’être réellement présente - sans se faire représenter par des suppléants.

Les primes dépriment

C’est le gros morceau : modalités du versement des primes et indemnités si y’a absence. Le quotidien local en a fait l’essentiel de son compte-rendu, et on pu voir notre conseil municipal à la télé, mercredi soir, au 19-20 de France 3. Bref : quand on est absent, on perd ses primes et ça crée un bon trou dans le budget.

Le maire selon son habitude y est allé en soudard : allez, on sucre les primes avec effet rétroactif au 1er janvier. Mais holà, le personnel pas du tout content a envahi la mairie. Le maire va rembourser, y’aura pas effet rétro. Notre maire joue l’angelot : « Il y a eu un problème de fonctionnement, le personnel n’a pas été informé. » Irène Félix l’avait déjà fait remarquer : le maire fonce, prend les sous des locataires pour le chauffage, ou les sous des primes : si y’a réaction, on fait machine arrière en faisant amende honorable... Et Colette Cordat le souligne : « C’est bien parce que il y a des centaines d’agents qui se sont bagarrés, que vous revenez sur cette décision. » Vlan !

Un certain mépris du personnel municipal ? Yannick Bedin, au maire : « Vous faites du sarkozisme sans Sarkozy. ». Re-vlan ! Irène Félix : « S’il y a un tel taux d’absentéisme, interrogez-vous sur vous et votre management. » Et re-re-vlan !

Ils sont méchants ces gens de l’opposition, alors que notre bon maire plaide, en conclusion : « Je veux que vous compreniez ma sincérité personnelle. » Justement on l’a compris, et c’est pas joli-joli.

Faut pas s’gêner

Remember : il a été décidé d’indemniser les pov’ commerçants dont les bénéf’ pâtissent des travaux aux abords du Palais Jacques Cœur et avenue Marcel Haegelen (aux abords du Palais Jacques-Cœur, c’est fou ce qu’il y a de commerçants...). Il va donc y avoir une Commission d’indemnisation qui va se réunir. La ville décide d’allouer aux membres de cette commission une indemnité forfaitaire de 300 € net par séance : frais de déplacement et temps passé. Trois cents euros ! Entre gens biens, n’est-ce pas... L’ Union Amicale des Locataires n’a pas ce genre de primes... Ni le personnel municipal qui se fait sucrer ses primes. Mais nos bons bourgeois savent être solidaires entre eux. Rien que ça, l’indécence de cette prime à des gens qu’en n’ont aucun besoin, on se dit qu’on pourrait emmener nos bons bourgeois stupides-cupides-avides au véto, sans état d’âme, pour une piqûre.

Schisme dans l’opposition

Donc, exit le pharaonique Palais des Sports flambant neuf : ce sera une extension de l’actuel stade du Prado. Ça y est, ça se fait ? Ho, doucement, on n’est pas au premier coup de truelle, même pas au projet : on en est à l’avant-projet – et encore : pas vraiment, on en est aux études d’avant-projet. Dans ce cadre, la ville s’adjoint des Assistants à Maitrise d’Ouvrage pour 355.000 €.

La majorité et... l’opposition PCF votent "pour". Le PS, Colette Cordat s’abstiennent. Et Hassen Chebili (majorité, tendance ex-majorité) s’abstient aussi. Le sport, ça en esquinte...

Chauve-souris : prout !

Le conseil adopte les tarifs des produits boutique du Muséum d’Histoire Naturelle. On y apprend qu’on revend de la bouse de chauve-souris : le guano de chauve-souris est revendu 6,00 €. Ce n’est pas précisé si, pour ce prix, on a un sachet dégustation ou une brouette complète. À moins que... Si, avec le moteur de recherche Yahoo, on recherche "guano chauve souris" on trouve ça, en tête de résultats : « Le guano de chauve souris est l’un des nutriments les plus utilisés pour la culture de cannabis écologique. » Ah ?!

Pisser gratis

Le maire passe la parole à Thierry Poisle « pour une délibération très importante. » Notre Thierry est le ministre chargé des pissotières de la ville de Bourges. Il annonce que les sanisettes seront gratuites à partir de la mi-juillet. Le maire précise que lorsque c’est gratuit, la fréquentation double. Irène Félix, femelle (très) perfide ironise sur l’utilisation des sanisettes en y voyant « le vieillissement de la population masculine. » Feignons d’avoir rien entendu, et souvenons-nous plutôt d’Alphonse Allais qui disait : « Moi, mes amis, si j’étais riche je pisserais tout le temps. »

Conclusion : ouf...

On arrive à la dernière délibération, le point 32 : on attribue 3.000 euros à l’organisation du "Concours des Vins de Bourges". De Bourges ? mais non, puisque c’est chapeauté par le Bureau des Vins du Centre pour les vignerons du département. Faut bien ça, 3.000 euros, pour de pov’ vignerons.

Et le maire tient à conclure : il remercie le personnel municipal qui était présent et n’a pas perturbé le conseil municipal. Il respire, ouf. Nous aussi, on respire : il y a un air vicié dans cette ambiance.