Lepeltier sur le climat : pas convaincant
Not’ bon maire s’exprime dans Le Monde, à l’occasion de l’ouverture prochaine de négociations sur le climat qui se dérouleront à Durban. Celui qui s’est découvert – tardivement – une passion pour « la planète » lance un cri : le changement climatique et ses conséquences, c’est sérieux ! Hélas, ses propositions restent bien vagues. D’ailleurs, comment convaincre en prenant comme modèle de négociations le Grenelle de l’environnement, ce gigantesque fiasco ?
Not’ bon maire s’exprime dans Le Monde, à l’occasion de l’ouverture prochaine de négociations sur le climat qui se dérouleront à Durban (Afrique du Sud). « Agir pour le climat et agir pour le développement ne sont pas contradictoires » dit-il. Celui qui s’est découvert – tardivement – une passion pour « la planète » lance un cri : le changement climatique, c’est sérieux. Le GIEC est formel : si aucune entente entre les acteurs concernés n’est possible, une hausse du niveau des températures de 5° à 6° est à prévoir, avec des conséquences désastreuses : inondations, sécheresses, famines, migrations massives, maladies … Bref, l’apocalypse. C’est notre ambassadeur [1] qui le dit.
Alors, faut-il remettre en cause le système ? Que nenni ! « La solution n’est pas dans la décroissance, mais dans la modification des modes de croissance. » Voilà qui est génial. Faire du problème une solution. Comment ? S. Lepeltier reste franchement dans le vague. « Toutes les études démontrent qu’un investissement de 1 % du PIB contribuerait à limiter les effets du changement climatique. » Quelles études ? Quels investissements ? On n’en saura pas plus. Pas facile en tout cas d’être ambassadeur du climat. Pas idiots, les « pays en voie de développement », à qui on va demander des sacrifices, demandent en préalable l’application des accords de Kyoto. C’est un minimum. Pourtant, « les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie sont contre ce renouvellement. » On est mal barré. Mais c’est sans compter sur le savoir faire de la diplomatie française. Avec Serge, on va voir ce qu’on va voir. « La France, très impliquée dans le processus de négociations internationales, travaille à rapprocher les points de vue. L’objectif est de faire le plus possible et de le faire ensemble. » Le plus possible : voilà une formule épatante. Suffisamment emphatique pour impressionner, suffisamment vague pour n’engager à rien. Qu’allez-vous faire, Monsieur l’ambassadeur ? Mon possible ! Mais encore ? Mon possible vous dis-je ! « Nous avons un discours solidaire avec les pays en développement en acceptant que la responsabilité des pays développés dans le changement climatique est majeure. Mais en leur demandant aussi de comprendre que l’engagement des pays émergents est indispensable pour des résultats probants. » Outch ! Ça, c’est pas du Marcel Proust ! Discours solidaire, discours solidaire … sur la base de quels engagements réels ? Motus. Mais Serge nous réserve sa botte secrète. Le meilleur est pour la fin. La France est exemplaire ? En quoi ? Mais voyons, la France, c’est le pays qui a fait le Grenelle de l’Environnement ! Ah ? Fallait l’oser celle-là. Car justement, la seule mesure écologique significative prise lors du Grenelle de l’environnement, la taxe carbone, Sarkozy l’a enterrée [2] ! Si on juge le modèle et l’exemple à ses résultats, on a vraiment de quoi s’inquiéter ! Monsieur Lepeltier est-il vraiment convaincu lui-même ? « Ne négligeons pas le risque d’un échec » écrit-il [3].
En conclusion, un texte bien indigent et bien peu convaincant. Outre les formules vagues et les imprécisions, S. Lepeltier évite soigneusement d’aborder le sujet qui fâche du moment : la polémique sur la sortie du nucléaire. Curieux tout de même qu’il ne donne pas sa position sur le sujet, alors que la problématique nucléaire est au centre des stratégies pour lutter contre le réchauffement climatique. On aurait apprécié aussi qu’il soit un peu plus précis sur le concept de décroissance. Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur le sujet, mais on doit au moins faire remarquer ici que c’est commettre un grossier sophisme que d’assimiler la pensée de la décroissance et le consentement à l’appauvrissement et au chaos. Aux dernières nouvelles, c’est le mode de production capitaliste soutenu par Monsieur Lepeltier et sa famille politique qui organise l’appauvrissement généralisé par la crise, et le chaos écologique par l’agression réitérée des écosystèmes et l’épuisement des ressources. On ne voit guère comment le mal pourrait guérir le mal. Dans les rêves inconsistants de Monsieur Lepeltier peut-être ? Rêves (ou plutôt rideau de fumée ?) d’une droite libérale décidément bien embarrassée par la question écologique …
[1] Serge Lepeltier a été nommé ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique par Nicolas Sarkozy
[2] Sur le Grenelle de l’environnement, on consultera avec profit le livre de Fabrice Nicolino, Qui a tué l’écologie. Voir notre compte-rendu dans l’Agitateur. « La loi Grenelle I n’est qu’un habillage peinturluré d’une société qui ne veut pas changer d’un iota. » Un peu comme la mission et les propos du maire de Bourges ?
[3] Et, ajouterons-nous, en cas de succès, ne négligeons pas la possibilité d’en rester à des voeux pieux.