Lepeltier sur le climat : pas convaincant

dimanche 27 novembre 2011 à 08:27, par bombix

Not’ bon maire s’exprime dans Le Monde, à l’occasion de l’ouverture prochaine de négociations sur le climat qui se dérouleront à Durban. Celui qui s’est découvert – tardivement – une passion pour « la planète » lance un cri : le changement climatique et ses conséquences, c’est sérieux ! Hélas, ses propositions restent bien vagues. D’ailleurs, comment convaincre en prenant comme modèle de négociations le Grenelle de l’environnement, ce gigantesque fiasco ?

Not’ bon maire s’exprime dans Le Monde, à l’occasion de l’ouverture prochaine de négociations sur le climat qui se dérouleront à Durban (Afrique du Sud). « Agir pour le climat et agir pour le développement ne sont pas contradictoires » dit-il. Celui qui s’est découvert – tardivement – une passion pour « la planète » lance un cri : le changement climatique, c’est sérieux. Le GIEC est formel : si aucune entente entre les acteurs concernés n’est possible, une hausse du niveau des températures de 5° à 6° est à prévoir, avec des conséquences désastreuses : inondations, sécheresses, famines, migrations massives, maladies … Bref, l’apocalypse. C’est notre ambassadeur [1] qui le dit.

Alors, faut-il remettre en cause le système ? Que nenni ! « La solution n’est pas dans la décroissance, mais dans la modification des modes de croissance. » Voilà qui est génial. Faire du problème une solution. Comment ? S. Lepeltier reste franchement dans le vague. « Toutes les études démontrent qu’un investissement de 1 % du PIB contribuerait à limiter les effets du changement climatique.  » Quelles études ? Quels investissements ? On n’en saura pas plus. Pas facile en tout cas d’être ambassadeur du climat. Pas idiots, les « pays en voie de développement », à qui on va demander des sacrifices, demandent en préalable l’application des accords de Kyoto. C’est un minimum. Pourtant, «  les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie sont contre ce renouvellement.  » On est mal barré. Mais c’est sans compter sur le savoir faire de la diplomatie française. Avec Serge, on va voir ce qu’on va voir. «  La France, très impliquée dans le processus de négociations internationales, travaille à rapprocher les points de vue. L’objectif est de faire le plus possible et de le faire ensemble.  » Le plus possible : voilà une formule épatante. Suffisamment emphatique pour impressionner, suffisamment vague pour n’engager à rien. Qu’allez-vous faire, Monsieur l’ambassadeur ? Mon possible ! Mais encore ? Mon possible vous dis-je ! « Nous avons un discours solidaire avec les pays en développement en acceptant que la responsabilité des pays développés dans le changement climatique est majeure. Mais en leur demandant aussi de comprendre que l’engagement des pays émergents est indispensable pour des résultats probants.  » Outch ! Ça, c’est pas du Marcel Proust ! Discours solidaire, discours solidaire … sur la base de quels engagements réels ? Motus. Mais Serge nous réserve sa botte secrète. Le meilleur est pour la fin. La France est exemplaire ? En quoi ? Mais voyons, la France, c’est le pays qui a fait le Grenelle de l’Environnement ! Ah ? Fallait l’oser celle-là. Car justement, la seule mesure écologique significative prise lors du Grenelle de l’environnement, la taxe carbone, Sarkozy l’a enterrée [2] ! Si on juge le modèle et l’exemple à ses résultats, on a vraiment de quoi s’inquiéter ! Monsieur Lepeltier est-il vraiment convaincu lui-même ? « Ne négligeons pas le risque d’un échec » écrit-il [3].

En conclusion, un texte bien indigent et bien peu convaincant. Outre les formules vagues et les imprécisions, S. Lepeltier évite soigneusement d’aborder le sujet qui fâche du moment : la polémique sur la sortie du nucléaire. Curieux tout de même qu’il ne donne pas sa position sur le sujet, alors que la problématique nucléaire est au centre des stratégies pour lutter contre le réchauffement climatique. On aurait apprécié aussi qu’il soit un peu plus précis sur le concept de décroissance. Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur le sujet, mais on doit au moins faire remarquer ici que c’est commettre un grossier sophisme que d’assimiler la pensée de la décroissance et le consentement à l’appauvrissement et au chaos. Aux dernières nouvelles, c’est le mode de production capitaliste soutenu par Monsieur Lepeltier et sa famille politique qui organise l’appauvrissement généralisé par la crise, et le chaos écologique par l’agression réitérée des écosystèmes et l’épuisement des ressources. On ne voit guère comment le mal pourrait guérir le mal. Dans les rêves inconsistants de Monsieur Lepeltier peut-être ? Rêves (ou plutôt rideau de fumée ?) d’une droite libérale décidément bien embarrassée par la question écologique …

[1Serge Lepeltier a été nommé ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique par Nicolas Sarkozy

[2Sur le Grenelle de l’environnement, on consultera avec profit le livre de Fabrice Nicolino, Qui a tué l’écologie. Voir notre compte-rendu dans l’Agitateur. « La loi Grenelle I n’est qu’un habillage peinturluré d’une société qui ne veut pas changer d’un iota. » Un peu comme la mission et les propos du maire de Bourges ?

[3Et, ajouterons-nous, en cas de succès, ne négligeons pas la possibilité d’en rester à des voeux pieux.


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commentaires
Durban : words, words, words ! - bombix - 11 décembre 2011 à 10:02

Comme on pouvait s’y attendre, il ne s’est rien passé à Durban. Selon le Monde, si l’accord signé « doit obliger les plus gros pollueurs (Chine, Inde, Etats-Unis) à prendre des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre » il ne s’accompagne pas de mesures contraignantes « pour mettre en pratique ces réductions ». Les promesses, car ce ne sont que des promesses, « sont, déjà, considérées largement insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C ». « L’ONG Oxfam a pour sa part regretté des décisions allant bien en-deçà de ce qu’exige l’urgence climatique, et qualifié cet accord de "strict minimum possible" qui laisse "le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C". »

Notre ambassadeur nous avait promis de faire son possible. Résultat, un accord sur « le strict minimum possible ». C’est à dire à peu près rien. Ah si, « une feuille de route vers un nouvel accord mondial en 2015 ». On peut être rassurés !

Il y a quand même des perles dans cet article. Par exemple, « est officiellement créé un Fonds vert pour le climat destiné à aider les pays pauvres à faire face au réchauffement climatique » mais « la question centrale de l’alimentation de ce fonds reste largement sans réponse » ! Ou « l’Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant » doit finalement se contenter d’« un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ». Une solution concertée ayant une force légale ! Fallait la trouver cette formule ! Aucune loi ne tire sa force d’elle-même. « La justice sans la force est impuissante » (Pascal). On sent bien toute l’expertise du Grenelle là-dedans : l’art d’affirmer les grands principes pour les dissoudre en formules creuses et sans effets.


Lepeltier sur le climat : pas convaincant - Mercure Galant - 28 novembre 2011 à 23:26

On pouvait entendre notre ambassadeur du climat ce matin dans le poste, aux informations du 7/9 de France Inter (entre 4.34 min et 5.34 min)


Lepeltier sur le climat : pas convaincant - Mister K - 27 novembre 2011 à 14:49

Oui, via cet article, Serge Lepeltier veut certainement prouver qu’il travaille et qu’il est utile. Bon, via un article creux, il prouve plutôt le contraire, dommage. Il faut dire qu’une sénatrice centriste a proposé de supprimer les postes de 23 ambassadeurs thématiques que compte la France, dont celui de Serge Lepeltier, ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique, afin de réaliser 10 millions d’euros d’économie.

On ne peut qu’être d’accord avec cette sénatrice quand on se rend compte que ces postes sont des échanges de bons procédés et une façon pour Sarkozy de faire taire des oppositions potentielles. Serge Lepeltier, ex-soutien potentiel de Borloo ne peut ainsi plus s’opposer frontalement à Sarkozy. Mieux, il se retrouve à défendre sa politique bidon sur l’environnement. Oui, c’est moche. Mais en 2011, entre intérêts et convictions (ou pseudo convictions), certains ont visiblement choisi...


Lepeltier sur le climat : pas convaincant - Mercure Galant - 27 novembre 2011 à  18:02

Il faut dire qu’une sénatrice centriste a proposé de supprimer les postes de 23 ambassadeurs thématiques que compte la France, dont celui de Serge Lepeltier, ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique, afin de réaliser 10 millions d’euros d’économie.

Effectivement, l’Agitateur s’en était d’ailleurs fait l’écho ici.

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