Habemus Papam
Habemus papam ! Un titre explosif !…Avec un titre pareil, je m’attendais à voir un film subversif, à tout le moins fortement satirique. Dans la veine du Caïman du même Nanni Moretti. Même, j’espérais - pure folie ! - quelque chose comme du JP Mocky…Espoir déçu ! Nanni Moretti n’est pas JP Mocky !
Première impression : Habemus Papam est « poussif ». Longueur (et lenteur) de la présentation du Conclave, de ses membres et de sa procédure. Longueur également (et lenteur aussi avec l’emploi sans grand intérêt du « ralenti » !) de l’interminable et incompréhensible match de volley entre les cardinaux qui attendent la « sortie » du Pape. En tout une bonne partie de la durée du film est ainsi « gratuitement » utilisée et détournée de toute fonction « démonstrative ».
Certes Habemus Papam est un film « drôle ». Mais d’une drôlerie légère, taquine, voire attendrie - Ne sont–ils pas attendrissants tous ces vieux messieurs qui sous la pourpre officielle et majestueuse de leur fonction cachent de petits et ridicules travers de vieux garçons ! Surtout Habemus Papam est un film respectueux. Respectueux et prudent. Nous sommes en Italie. Le Pape est une institution et le catholicisme véritable religion d’état. Choquer à propos du Pape et de la religion ne serait-il pas porter atteinte aux valeurs italiennes nationales fondamentales ? Des valeurs qui dépassent l’individu et ses propres croyances. Par exemple, chaque profession de foi du psychanalyste chargé de « guérir » le Pape de ses troubles, est doublée d’une même profession de foi, religieuse cette fois, du Monseigneur avec qui il discute. Égalité partout ! Nanni Moretti serait-il l’autruche qui se cache la tête sous le sable ? Car reconnaissons le ! Certes la fonction papale est lourde ! Que le Pape se pose le problème de son engagement et de sa responsabilité, nous le comprenons fort bien ! Qu’il ait peur de cette responsabilité, nous le comprenons aussi fort bien ! Mais cette responsabilité n’est pas simplement « théorique ». Ce n’est pas une simple formule. Ce n’est pas une simple qualité abstraite inhérente à la fonction papale. Elle est enracinée dans le concret de difficiles et définitifs problèmes (Suivez mon regard !… Du coté par exemple de la contraception, du préservatif, du sida et tutti quanti… ).
C’est l’acuité de ces problèmes qui fait le poids de cette responsabilité. Et de ces problèmes, nous aurions bien voulu « entendre parler ». Le film n’aurait-il pas eu alors une autre dimension ? Car finalement de quoi nous parle-t-on ici ? En fin de compte, d’un pauvre homme qui aurait bien voulu être acteur et qui a été refusé au concours d’entrée du Conservatoire (alors que sa sœur - petite crispation jalouse derrière la bienveillance chrétienne – a été acceptée !) et qui maintenant doit affronter son Destin !
Habemus Papam est en fait un film complaisant. D’une complaisance toute humaine, certes. Mais avec la fonction pontificale ne devrait-on pas être dans une autre dimension ? Le Pape n’est-il pas « choisi » par Dieu ? La confusion de ces deux dimensions est quelque peu déroutante et mériterait quelques explications « concrètes ». Faute de quoi, nous ne pouvons que conclure à la manière de Pangloss-Voltaire (comme il nous manque ici ! ) « Tout est bien dans le meilleur des mondes ! » Traduction « moderne » : « ça baigne ! »
Décevant !