C’est pollué, c’est poullé, c’est paslui

vendredi 4 février 2011 à 16:46, par Cyrano

Avec le dernier conseil municipal, on a appris que la municipalité avait réussi une acquisition fameuse, en achetant voici plus de 2 ans, les parcelles AZ 125 et AZ 263. C’était là qu’on trouvait, quelques jours avant la décision d’achat, le supermarché Champion et sa station service. Notre maire, champion éclairé de l’écologie, se retrouve avec une zone pourrave qui nécessite la mise en place d’interdictions. Voir l’article et les commentaires sur le Conseil municipal de janvier 2011.

Un citoyen usuel, y’a de quoi se dire qu’il ne peut pas tout comprendre :
La ville de Bourges vend : la ville a vendu à Bourges-Habitat la parcelle de l’école Marcel Sembat, avec sa belle école : 5610 m2 pour 240.000 € (43 € le mètre carré). (Voir ici.)
La ville de Bourges achète : notre ville achète le site pourri Champion et sa station service : 2446 m2 pour 300.000 € (122 € le mètre carré). (Voir ici.)

Mais on peut remarquer que on est hyper-hyper réactif à Bourges :
Le supermarché Champion a fermé définitivement le dimanche 12 octobre 2008.
Le samedi 11 octobre, un collectif de quartier avait organisé un rassemblement devant ce supermarché pour protester contre cette fermeture.
Ce même mois, au Conseil municipal du 24 octobre 2008, on annonce l’achat des 2 parcelles (AZ 125, AZ 263) supportant le supermarché et sa station-service. Douze jours après la fermeture ! C’est à dire que la décision d’achat était négociée bien avant la fermeture. Bah, trop fastoche : puisque Michel Poulet, le directeur du magasin qui fermait et qui revendait son terrain est aussi conseiller municipal (majorité, tendance j’me-fais-oublier-dans-mon-coin). Trop risible lorsque on relit la présentation de la liste de Serge Lepeltier aux dernières élections municipales, par le Berry Républicain : le quotidien mentionne Michel Poulet, directeur de Champion, « dont le nom est à lui seul un symbole ». Il est gratiné le symbole.

Ah mais, tout est fait les règles de l’art :
Lorsque l’acquisition des 2 parcelles Champion est votée au conseil municipal du 24 octobre 2008, il est précisé que « les Maires-Adjoints et les Conseillers Municipaux, intéressés à la présente délibération, ne prennent pas part au vote. » Donc, le Poulet n’aura pas pris part au vote. N’empêche que, bon, enfin, bah, on ne dit rien... On n’en pense pas moins...
Le point sera adopté à l’unanimité des votants (y compris l’opposition).

Pourtant, pourtant... Y’a bien écrit, noir sur blanc, que l’acquisition des parcelles se fait avec des contraintes :
« [la ville va supporter] les coûts de démolition des bâtiments exploités par la société Champion  » C’est vrai, sur le terrain, y’a un bâtiment de grande surface !... Mais, en échange, y’a écrit :
« à charge, pour le vendeur, de supporter les frais de dépollution et de démolition de la station de distribution de carburants ». Alors ? bin quoi ?! c’est pas dépollué pasque la Préfecture va interdire maintenant de boire l’eau ?... Champion-Carrefour, ils ont fait quoi comme frais en deux ans – non pas pour démolir leur station service – mais pour dépolluer ? Est-ce qu’on pourrait savoir ?

Vu le courrier..., Vu le dossier..., Vu le rapport...
La litanie des "Vu...", c’est dans le projet d’arrêté préfectoral instituant un périmètre de protection, discuté durant le dernier conseil municipal.
On lit :
« Vu le courrier de la société CSF France en date du 10 octobre 2008 relatif au rapport de diagnostic approfondi de son site 1 rue Louise Michel à Bourges ; »
« Vu le courrier de la société CSF France en date du 10 octobre 2008 relatif au dossier d’évaluation quantitative des risques sanitaires sur son site 1 rue Louise Michel à Bourges ;  »
On remarque que les courriers pollution datent d’octobre 2008 – ça n’a pas empêché la ville de se précipiter pour acheter.
« Vu le courrier de l’inspection des installations classées en date du 5 août 2009... »
« Vu le dossier de demande d’institution de servitudes d’utilité publique de février 2010... »
_Bref, vu que on a laissé depuis deux ans la nappe souterraine sans se soucier de ce qu’on en faisait... pourquoi interdire l’utilisation de cette eau que maintenant ?

Une belle histoire ! Et l’opposition aurait peut être pu éviter de voter ce point (ou s’abstenir comme Colette Cordat) . Cette affaire semble foireuse - ou du moins elle demande, à l’évidence, des compléments d’information.


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commentaires
C’est pollué, c’est poullé, c’est paslui - B. Javerliat - 4 février 2011 à 18:43

Le prix du mètre carré constructible à Bourges varie entre 50 et 100 euros. On peut le vérifier en allant voir, par exemple, les prix des terrains vendus aux "Jardins du Val d’Auron" par Square Habitat, filiale du Crédit Agricole. Mais à ce prix-là, y’a rien à détruire, y’a plus qu’à construire.

Donc, dans l’opération Champion de la Chancellerie, non seulement la ville de Bourges achète le terrain plus cher que ne le ferait un particulier, mais en plus, elle paye les travaux de destruction, déblaiement et remise en état de la parcelle. Encore un paquet de billets de 100.000 euros qui s’envolent ! De plus, les travaux de dépollution, à la charge du vendeur, n’ont manifestement pas été faits, puisque la parcelle est reconnue polluée deux ans après ! Que l’écolo en chef de Bourges, Serge Lepeltier, se fasse refiler un terrain pollué, c’est risible. Mais qu’en plus il l’achète largement au dessus du prix du marché, ce serait à mourir de rire si ce n’était avec l’argent des Berruyers. On pourrait se dire qu’il est vraiment nul en affaires !

Sauf qu’à priori, en tant que maire, il est forcément au courant des prix du terrain dans la ville qu’il dirige. Il a donc surpayé cette parcelle de terrain en connaissance de cause. Mais laquelle ? Mystère. Et pourquoi aussi vite ? Mystère encore. Enfin, mystère, faut voir ! Car quand on apprend que la société qui a vendu la parcelle un si bon prix et si vite a pour directeur opérationnel un certain Michel Poulet, et que ce même Michel Poulet est conseiller municipal de la majorité de Serge Lepeltier, on commence à se poser de sérieuses questions. Elle en pense quoi, l’opposition municipale ?


C’est pollué, c’est poullé, c’est paslui - Cyrano - 5 février 2011 à  10:47

L’opposition municipale, on ne sait pas ce qu’elle en pensait lorsque l’achat des parcelles a été voté. Pour une raison toute bête : l’opposition avait quitté le conseil municipal d’octobre 2008 : le maire avait coupé intempestivement le micro à Jean-Pierre Saulnier, l’ambiance était devenue chaude et toute l’opposition municipale avait quitté le conseil entre le point 5 et le point 6. Alors, évidemment, tous les points suivants ont été adoptés à l’unanimité.

Ainsi, le point 24, acquisition des deux parcelles, propriété de la société Champion, a été adopté. C’est écrit : « Le conseil municipal décide à l’unanimité... », avec une remarque : « étant précisé que Mmes et MM les Maires-Adjoints et les Conseillers Municipaux, intéressés à la présente délibération, ne prennent pas part au vote.  ». Mais qui ne prend pas part au vote ? on ne sait pas. Pour quelle raison ? On ne sait pas. Ne serait-ce pas légitime, pour un peu de transparence, que les personnes concernées soient mentionnées en toutes lettres ? et que les raisons en soient motivées ?

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