Faut-il désenvoûter le Berry ?
Il y a quelques années dans la direction Paris – Bourges, l’A 71 annonçait le Berry par un panneau symbolique représentant dans un paysage désolé quelques moutons gardés par un berger à la large houppelande antique et appuyé sur un bâton. L’ensemble dégageait une impression passéiste, sombre et inquiétante. Protestations véhémentes ( et justifiées ! ) des autorités locales. Le berger et ses moutons disparurent promptement et furent remplacés par un nouveau panneau évoquant avec force rouages mécaniques le « décollage industriel » du Berry. Panneau plus représentatif du Berry actuel ?
Las…Il semble bien que la symbolique ancienne demeure dans les esprits et que le Berry reste dans l’imaginaire une terre de légendes et de sorcelleries. A preuve ce « roman » de Didier van Cauwelaert La Nuit dernière au XVème siècle qui décrivant les « extraordinaires aventures amoureuses » d’un pauvre contrôleur des impôts nommé à Châteauroux commence ainsi
La vie d’un contrôleur d’impôts n’est pas de tout repos dans le Berry. « Ta poupée est prête » m’a dit Raphaël huit jours après mon arrivée dans sa brigade. Il m’a expliqué le plus naturellement du monde, comme s’il parlait pétanque ou rugby, que la sorcellerie était le sport régional ; dès qu’un nouveau contrôleur débarquait, on fabriquait à titre préventif une figurine à son effigie.
– Fais gaffe à tes cheveux et tes rognures d’ongles. Ils personnalisent ta poupée et après ils la piquent. Moi j’ai pris les devants : chaque mardi, je vais chez l’acupuncteur. Guérir le mal par le mal. Ca neutralise…
Et ce n’est que le début ! Suit toute une romance désespérée entre, notre contrôleur des impôts- nommé- à -Châteauroux et Isabeau, charmant fantôme du XVème siècle. Romance qui se termine en apothéose, puisque Jean-Luc Talbot notre contrôleur des impôts-nommé-à-Châteauroux se marie par le truchement d’un curé complaisant avec son fantôme. Ce qui signifie qu’il se marie dans la plus grande légalité… avec un curé !!!…Excusez du peu !
– Parce que si on s’en tient aux faits [ ] vient quand même d’épouser un prêtre belge ! conclut un personnage du roman ;
Certes, on peut se demander si le « roman » de Didier van Cauwelaert n’est pas purement et simplement une grosse farce « à la flamande » ( D van C est flamand ! ). Mais la présence dans le roman d’un savant (= le « deus ex machina » ) internationalement connu pour ses études sur les fourmis et passionné de parapsychologie et de physique quantique ( Suivez mon regard !…R C pour ne pas le nommer qui justement vivait il y a quelques années dans un « château » du Berry !) sème le doute et on peut se demander si c’est le contrôleur des impôts (la fonction n’est probablement pas choisie au hasard ! ) ou si ce sont les Berrichons toujours imprégnés de sorcellerie que van Cauwelaert ridiculise dans son ouvrage ?
Alors finalement, faut-il désenvoûter le Berry ? Et qui le désenvoûtera ?
Le TGV… par exemple ? Ou encore… ?
Pour suivre le débat sur La nuit dernière au XVème siècle de Didier van Cauwelaert,