Conseil municipal 18 décembre 2009

Extraits extra d’échangisme textuel
samedi 6 février 2010 à 19:33, par Cyrano

Attendu que j’étais pas au Conseil Municipal de décembre, attendu qu’on m’a prêté le Bulletin Municipal Officiel avec les textes des échanges divers, attendu que j’ai un moment de libre : voici donc un parcours rapide sur ce Conseil de fin d’année.

Ça va embrouiller le GPS

«  Je ferais le tour du monde, Ça ne tournerait pas plus que çaaaa ». Edith Piaf. Le point 21 étudie la révision du Plan Local d´Urbanisme. A Bourges, ça tourne, ça tourne, surtout vers l’Aéroport :

 JP Saulnier : Je voulais évoquer [...] la réalisation de deux ronds-points pour l’accès et la sécurité, je pense, au niveau du cimetière du Lautier. J’ai été à la fois surpris de ce double rond-point et de ses dessins particulièrement compliqués. [...] C’est quelque chose qu’il faut réussir à dessiner ! J’avoue que je suis très interrogatif sur la réalisation de ce projet - je doute qu’il soit primé un jour. [...] Juste au dessus des embouteillages de voitures, c’est à dire des gaz de voitures, il y a des constructions en cours avec des balcons qui sont vraiment au bord de la route. [...]
 Le Maire : L’idée est évidemment de rompre complètement l’entrée de ville, par rapport à des vitesses importantes. [...] Comme vous, nous avons un certain nombre d’interrogations. Nous sommes dans la même expectative pour certains. [...]
 P. Blanc : Je veux simplement dire que nous avons beaucoup d’interrogations. [...] En fait il y a la théorie, il y a les plans, mais rien ne vaut effectivement le fonctionnement. [...]
 JP Saulnier : Je pense qu’ils auront intérêt à fermer les fenêtres, y compris l’été, parce qu’ils sont vraiment sur la rue, c’est impressionnant.

Que du bonheur...

« Le bonheur est une idée neuve en Europe ». Saint-Just (13 ventôse an II). A Bourges aussi, 216 ans plus tard, on parle du bonheur (certes, c’est moins grandiose). C’était le point 41, ça concernait les Nuits Lumière et l’Eclairage de la Cathédrale :

 C. Blot : [...] Il existe toujours, dans notre belle ville écolo, un concours des éclairages de Noël chez les particuliers, ce qui nous a semblé complètement étrange.
 Le maire : Cela ne consomme pas beaucoup.
 C. Blot : Et puis, ce n’est pas superflu.
 Le maire : Est-ce que le bonheur est superflu ? C’est toute la question...
 A. Tanton : Est-ce que l’éclairage c’est le bonheur ?
 C. Blot : Le bonheur nucléaire...
 Le Maire : L’animation d’une ville, c’est une part de bonheur.

Une passoire

« L’lavabo avait une fuite - Félicie... aussi ! ». Fernandel, 1939. Et le parking souterrain de Saint Bonnet... aussi ! (point 45) :

 A. Decourt : M. le Maire, je pense que les 65.000 € concernant le traitement des fissures auraient pu être économisés. En effet, entre 1992 et 1993, j’étais gardien du parking Saint-Bonnet. [...] On n’arrête pas l’eau, M. le Maire - et Dieu sait qu’il y en a dans tout le quartier. [...]
 Le Maire : En ce qui concerne l’isolation, vous avez dit cela à Jean-Claude Sandrier, j’espère ? Vous lui avez expliqué que ça n’allait pas marcher ?
 A. Decourt : Les fissures ?
 Le Maire : Les fissures, oui...
 A. Decourt : Oui, bien sûr..
 Le Maire : J’espère...

De la rouge à la rose

« Au gué ! vive la rose... » Guy Béart. On examine les tarifs pour les Ateliers du Patrimoine des 6 - 12 ans (point 63), et la rose fait comme la rouge :

 C. Cordat : J’ai voté "pour" la création de ces ateliers mais je désapprouve le fait qu’on demande une participation financière pour les enfants en âge de scolarisation. Ce serait la moindre des choses que cela soit gratuit.
 Le maire : Donc, vous votez "contre" ?
 C. Cordat : oui
 I. Félix : Je remercie madame Cordat d’avoir attiré notre attention : en conséquence de quoi, nous nous abstenons.

Même le mot obsolète devient obsolète

«  La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. » (Stéphane Mallarmé). Les bibliothèques de Bourges vont organiser une opération intitulée "désherbage : une vente de livres aux particuliers, plutôt que les recycler immédiatement au pilon (point 68) :

 Le maire : C’est bon ? madame Blot :
 C. Blot : Ce n’est pas bon du tout. Les bibliothèques de la ville, ce n’est pas la FNAC. Donc, de lire dans cette délibération, les termes d’ "obsolescence intellectuelle", je trouve cela assez choquant. L’idée de maintenir une offre de qualité, en supprimant des ouvrages considérés par une personne donnée, à un moment donné, comment étant intellectuellement obsolètes, cela me semble incompatible.
 P. Gitton : Ce n’est pas une personne donnée, c’est un groupe qui travaille pour l’achat des documents à la bibliothèque et dans lequel nous, en tant qu’élus, nous n’avons rien à voir. Alors, oui, je pense que le mot est effectivement un peu fort.
 Le Maire : Oui, je trouve également et je suis d’accord pour le retirer. "Obsolescence physique", on peut comprendre, mais intellectuelle...
 Y. Bedin : Je propose "Obsolescence scientifique". A la limite, cela peut décrire des ouvrages qui effectivement sont complètement dépassés. On peut écrire obsolescence scientifique, plutôt qu’intellectuelle.
 P. Gitton : On peut même l’enlever complètement.

Les embarras de Bourges...

« Vingt carrosses bientôt arrivant à la file, Y sont en moins de rien suivis de plus de mille » Boileau, "Les embarras de Paris". Et à Bourges... Le point 82 palabrait sur l’augmentation des tarifs des parkings :

— C. Blot : Non seulement nous approuvons cette hausse des tarifs de parkings, mais nous pensons même qu’il faudrait aller plus loin, en ayant des tarifs complètement exorbitants en centre-ville et des parkings gratuits ou quasi-gratuits en périphérie. Cela permettrait à ceux qui viennent de l’extérieur de se garer et de venir travailler ou se promener à Bourges, à moindre frais et sans polluer, ou en polluant moins en tout cas.
— Le Maire : Très bien. Bonne cohérence. Bien, si je reviens au vote, que fait l’opposition ? Absentions de l’opposition... Que fait madame Cordat ?
— C. Cordat : Je votre "contre" l’augmentation.
— Le Maire : Vous votez "contre" et mademoiselle Blot vote "pour", même plus que cela. Je vous remercie.

 Cyrano : Z’avez lu jusque là ? alors, moi aussi je vous remercie !...


Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Qui êtes-vous ?

commentaires
Conseil municipal 18 décembre 2009 - Mister K - 6 février 2010 à 23:10

Cyrano : Z’avez lu jusque là ? alors, moi aussi je vous remercie !...

En fait, le Conseil Municipal ferait d’excellents sketchs ;-)
En tout cas, cela m’a bien fait rire... ;-)) Merci Cyrano pour tout cela !


Même le mot obsolète devient obsolète - bombix - 6 février 2010 à 21:06

Amusante cette discussion sur "obsolète". Obsolète se dit de ce qui est hors d’usage, périmé. L’adjectif désigne plutôt un équipement, ou un outil. A la vitesse de renouvellement des objets techniques, leur obsolescence n’a rien à voir avec leur usure. Combien de téléphones mobiles flambants neufs, encore tout à fait fonctionnels, mais désormais totalement obsolètes ?
Littré nous apprend que c’est un néologisme, inventé par des grammairiens. Le mot sent son anglais(*), bien que la racine soit latine (**). Le mot a d’ailleurs un autre sens : "Il se dit aussi en histoire naturelle, pour signifier peu apparent, presque effacé. Sillon obsolète. Strie obsolète."
La question qui se pose est naturellement de savoir à partir de quel moment un livre est "périmé". Parce que son contenu est désormais faux ? Belle vérité, celle qui s’évente avec le temps. Quels sont les critères ? Goûts du bibliothécaire ? Goût (supposé) du public ? (***) Quels sont les motifs ? Manque de place sur les rayonnages ou dans les magasins ?
On se dit que le livre, oeuvre de l’esprit, devrait pouvoir résister au temps. En réalité, le livre est devenu un objet de consommation comme un autre. Vite désiré. Vite lu. Vite oublié. Les deux tiers des 100.000.000 de livres invendus en France partent chaque année au pilon. Plutôt que d’organiser des purges dans les rayons, peut-être pourrait-on suggérer aux bibliothécaires, pour leurs achats futurs, de ne choisir que des livres "durables", pour employer un mot à la mode. Les seuls qui méritent d’être lus.

(*) On peut lui préférer un autre mot : le charmant, vieilli, et très français suranné.

Baudelaire :

... Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées,
Surgir du fond des eaux le Regret souriant.

(**) Étymol. et Hist. [1596 obsolet (HULSIUS d’apr. FEW t.7, p.286b)] 1677 (MIEGE, s.v. angl. obsolete : obsolet, qui est hors d’usage) ; 1750 obsolete (PRÉV.). Empr., à différentes reprises, au lat. obsoletus, part. passé adj. de obsolescere « tomber en désuétude, sortir de l’usage ».

(***) Le goût du public et des bibliothécaires a fait des ravages dans l’histoire de la conservation des livres, qui est hélas le plus souvent l’histoire de leur disparition irrémédiable. Exemple : "L’oeuvre philologique d’Aristarque, le représentant le plus génial de l’Ecole d’Alexandrie au IIIème siècle, a disparu en moins de cinquante ans : trop compliquée, trop savante, elle a rebuté les générations suivantes et il n’est pas exagéré de dire que nous la pleurons toujours" (Claude Mossé, Précis d’histoire grecque)


Même le mot obsolète devient obsolète - Cyrano - 7 février 2010 à  10:57

Utilisons ce point qui porte peu à polémique.
Si vous allez sur le site de la ville de Bourges, rubrique Conseil Municipal, il suffit de choisir dans la liste déroulante "ARCHIVES", la date 18/12/2009 pour avoir l’ordre du jour et le résultat des délibérations de ce Conseil Municipal. Cherchez ensuite le point n° 68.

Ça vous donne ça :


68 Réseau des bibliothèques de Bourges. Vente de livres aux particuliers :

Le Conseil Municipal, après en avoir délibéré, a décidé :
par 48 voix ’’pour’’ et 1 voix ’’contre’’ (Mlle BLOT)

1. d’approuver la sortie des collections des ouvrages soigneusement sélectionnés par le personnel des bibliothèques suite à la mise en place d’une action régulière de désherbage ;
2. d’autoriser le principe de la vente au public ;
3. d’autoriser M. le Maire à fixer les prix de vente et à prendre toutes les dispositions relatives à ces actions


Il faut remonter plus haut, au point 62, pour savoir que cette délibération est présentée par Philippe Gitton, Culture et Patrimoine. Tout en bas de page, on trouve : "Pour demander le détail d’une délibération : écrire". Si on clique, on peut rédiger une demande via email à la mairie.

Mais zut ! rezut ! Mais pourquoi ne peut-on simplement cliquer sur l’intitulé du point 68 et voir s’afficher le détail de cette délibération - on ne parle même pas des débats éventuels sur ce point, mais l’affichage de la délibération telle qu’elle a été présentée au Conseil Municipal ? Philippe Bensac l’avait promis, ça fait presque un an... Mais bordel ! rebordel ! ce ne n’est quand même pas compliqué, ça ! Je crois que j’avais déjà donné exemples sur ce thème.

Alors, imaginons... On a cliqué sur le Conseil Municipal de décembre 2009, on choisit le point 68, on clique sur l’intitulé "68 Réseau des bibliothèques de Bourges. Vente de livres aux particuliers", et hop, fastoche, on voit s’afficher ça :


N° 68. Rapporteur : Philippe Gitton

[Avant exposé du point, y’a un tableau avec présents, absents, absents excusés avec pouvoirs]

RESEAU DES BIBLIOTHEQUES DE BOURGES
Vente de documents aux particuliers

Le Réseau des Bibliothèques de Bourges dispose d’environ 200 000 documents, hors bibliothèque patrimoniale.

Afin de faire vivre les collections et maintenir l’intérêt des usagers, il est nécessaire que les acquisitions soient suivies depuis leur entrée jusqu’à la sortie des collections. Une opération intitulée désherbage consiste à retirer des collections des documents selon des critères précis : doublons, documents ne correspondant pas ou plus à la demande du public... Cette opération permet de maintenir une offre de qualité tant sur la forme (état des ouvrages) que sur le fond (évolution des connaissances, renouvellement des collections).

Les ouvrages ainsi sortis des collections doivent être désaffectés à la suite de quoi ils peuvent être mis au pilon, donnés ou vendus. Dans le cas de la vente, ils n’ont plus de valeur marchande, car leur usage en bibliothèque a modifié leur aspect (couverture plastifiée, reliures maison, tampons, ...). Leur mise en vente ne constitue pas une concurrence avec le marché du neuf, ni même celui de l’occasion. Par ailleurs, ils seront marqués d’un cachet complémentaire : « exclu des collections de la bibliothèque ».

De nombreuses collectivités organisent ainsi des ventes aux particuliers. Ces manifestations sont l’occasion de valoriser les collections et d’attirer un public nouveau intéressé par l’achat de documents à bas prix.

Ainsi, le Réseau des Bibliothèques de Bourges souhaite organiser, le samedi 6 mars 2010, un désherbage. La vente de documents aura lieu sur l’esplanade de la médiathèque entre 10h et 17h :
 de 10h à 14h, la vente est réservée aux personnes inscrites dans le Réseau des bibliothèques sur présentation de la carte ;
 de 14h à 17h la vente est ouverte à tous, inscrits ou non inscrits.

Les documents proposés à la vente sont de tous les genres : documentaires ou fictions, bandes dessinées, romans et romans policiers pour adultes, ouvrages pour enfants, CD, vidéogrammes, revues. Il est ainsi proposé des ouvrages pour tous les âges, tous les goûts.

Le prix est fixé à 1€ et 2 € pièce selon le type et l’état du document.
Les séries ne sont pas fractionnables. Seuls les paiements en espèces ou par chèque sont acceptés.

Un réapprovisionnement régulier des tables de vente est assuré jusqu’à épuisement du stock. La vente est réservée aux particuliers et la revente est interdite.

La perception des recettes se fera par l’intermédiaire de la régie des recettes et les sommes imputées à la ligne de crédit 3510 - nature 7088.

Le Conseil Municipal après avoir entendu l’exposé de son rapporteur et après en avoir délibéré,

DECIDE
par 48 voix "pour" et 1 voix "contre" (Mlle BLOT)

1. d’approuver la sortie des collections des ouvrages soigneusement sélectionnés par le personnel des bibliothèques suite à la mise en place d’une action régulière de désherbage ;
2. d’autoriser le principe de la vente au public ;

3. d’autoriser M. le Maire à fixer les prix de vente et à prendre toutes les dispositions relatives à ces actions

[suit ensuite formule usuelle : Pour extrait conforme... etc., tampon et signatures]


Ça ne fait pas 1 gigaoctet ça, enfin, je ne crois pas, ça devrait passer...

Et soyons fous, imaginons encore ! En bas ce cet affichage, on trouverait "Discussion", on cliquerait et on trouverait l’intégralité de la discussion Point 68 dont j’ai citée quelques extraits.


Discussion :

 M. le Maire : C’est bon ? Madame Blot :
 Mlle Blot : Ce n’est pas bon du tout. Les bibliothèques de la ville, ce n’est pas la FNAC. Donc, de lire dans cette délibération , les termes "d’obsolescence intellectuelle", je trouve cela assez choquant. L’idée de maintenir une offre de qualité, en supprimant des ouvrages considérés par une personne donnée, à un moment donné, comment étant intellectuellement obsolètes, cela me semble incompatible.
 M. Gitton : Ce n’est pas une personne donnée, c’est un groupe qui travaille pour l’achat des documents à la bibliothèque et dans lequel nous, en tant qu’élus, nous n’avons rien à voir. Alors, oui, je pense que le mot est effectivement un peu fort.
 M. le Maire : Oui, je trouve également et je suis d’accord pour le retirer. "Obsolescence physique", on peut comprendre, mais intellectuelle...
 M. Gitton : Je pense qu’ils veulent dire que ce sont des choses qui ne sont plus demandées ou qui ne répondent plus du tout aux préoccupations du moment. On peut le dire comme ça.
 Mlle Blot : ... et qui doivent être conservées, pour être ressorties plus tard.
 M. Bedin : Je propose "Obsolescence scientifique". A la limite, cela peut décrire des ouvrages qui effectivement sont complètement dépassés. On peut écrire obsolescence scientifique, plutôt qu’intellectuelle.
 M. Gitton : On peut même l’enlever complètement.
 M. le Maire : On enlève complètement obsolescence physique et intellectuelle : il y a des doublons, il y a des documents qui ne correspondent plus à la demande du public. On enlève donc cette phrase.
 Mlle Blot : Une autre remarque : d’une de mes colistière qui participe à la Bibliothèque de rue et qui serait enchantée de vous débarrasser de plusieurs ouvrages, si jamais vous manquez de place.
 M. Gitton : Sans problème.
 M. le Maire : Il n’y a aucun problème et on peut discuter de cela.
 M. Gitton : Si ils veulent venir faire leurs courses avant qu’on vende, il n’y a aucun souci, et pour les musées aussi, si cela les intéresse.
 M. le Maire : Pas de problème. Très bien. Pour cette délibération, étant entendu qu’on a enlevé cette phrase, pas de difficulté ? Mme Blot votre "contre". Je vous remercie.


Voili, voilà, on a imaginé... Est-ce vraiment un travail de titan de mettre ça en ligne ? Ok, OK, faut sécuriser, comme dit Philippe Bensac - sécuriser quoi ? on sait pas - Mais le chef haute-technologie est tellement occupé à fibrer la ville, chaque jour...

[remarque : Le Conseil Municipal ayant décidé d’enlever l’expression "obsolescence intellectuelle", ne la cherchez plus dans la présentation du point, tel qu’il est imprimé maintenant.]

Répondre à ce message #25682 | Répond au message #25675