Mon maire, ce zéro au sourire si doux
Notre maire est souriant. C’est en souriant qu’il dit qu’il n’est pas question de continuer à parler de La Nouvelle République, et sans perdre son sourire, il dit que monsieur Bedin ne parviendra pas à créer l’incident et il lui coupe le micro. La dame Irène Félix pas contente ? En souriant il coupe son micro et il demande le vote du point 1...
Après cet incident, l’opposition municipale ayant prévu une conférence de presse pour le mardi 29 septembre, le maire, dès le lundi, a tiré le canon dans Le Berry Républicain du 28 septembre 2009 (page 10). Et pour faire bonne mesure, le site Bourges-Info.com rajoute un boulet bien lourdaud. Quelle salve ! Hélas, le maire et ses courtisans se tirent un boulet dans le pied.
Malheur aux vaincus !
Un faible écart de voix a permis à Serge Lepeltier d’être reconduit maire de Bourges au premier tour. Dont acte : c’est lui le maire de notre ville. Grosso-modo une personne sur deux a voté pour monsieur Lepeltier, une personne sur deux a voté pour les diverses listes se réclamant de la gauche (la vraie ou la fausse, c’est compliqué). La loi qui régit la représentation municipale est telle que sur les 49 membres du conseil municipal, l’opposition ne dispose que d’une douzaine de sièges, alors qu’elle représente pratiquement un électeur sur deux. On ne peut pas dire que ce soit particulièrement démocratique.
Lorsqu’on assiste à un conseil municipal, de sa place on voit le maire au milieu, de chaque coté ses adjoints et adjointes (presque la Cène) et les conseillers municipaux de sa majorité – y’en a tellement qu’on en voit aussi de dos (la remuante Viviane Siméon, l’aimable et élégant Wladimir d’Ormesson, etc.). Et là, sur la droite, ce petit tas qu’on discerne, le quart du conseil municipal, ce sont les manants de l’opposition. Comment ne pas être tenté d’oublier que ce petit tas représente la moitié des électeurs de Bourges ? C’est dans ce cadre-là que se déroule un conseil municipal.
Un maire sans âme et trop pressé...
Déjà, pour le premier conseil municipal mensuel du 23 janvier 2009, on l’avait écrit sur l’Agitateur : « L’animateur principal manque un peu d’âme. ». Pas un mot, rien, sur cette première formule mensuelle – à part dire que les sandwiches sont disponibles. Y’aura pas un mot non plus lors du dernier conseil municipal avant les vacances.
Le conseil municipal de Bourges apparaît juste comme une machine à enregistrer des décisions déjà prises. On comprend que le maire veuille expédier cette formalité. En février, le maire était tellement pressé d’en finir qu’il était passé au point 2 en oubliant de faire voter pour le point 1. Et lors du dernier conseil municipal, les seuls mots chaleureux de reprise du conseil municipal, après les vacances, furent « Je demande le silence » avec embrayage à donf sur le point 1. La suite, on la connaît.
Trop de police des débats tue le débat
Dans le BR de lundi, le maire le dit : Il faut donc « respecter celui qui a la police des débats. » Donc, « la police des débats », voyons ça...
Comme Irène Félix exprimait un désaccord, le maire lui dira qu’il n’aime pas son ton « donneuse de leçons ». Un autre exemple avec la Irène. Celle-ci commençant par dire : « Monsieur le maire... » – Serge Lepeltier (lui coupant la parole) : « Vous prenez la parole sans que je ne vous l’ai donnée... » Pour un peu, la meuf, elle aurait été classified envenimeuse-de-débats. Oui, notre maire est un policier des débats assez ombrageux. Yannick Bedin termine la présentation d’une motion en disant « Nous soumettons au vote... » Le maire rectifie illico : « Vous n’avez pas à soumettre votre motion au vote, c’est moi qui décide de la mettre au vote. »
On se souvient que y’a même eu, avec Avaricum, un conseil municipal en huis-clos (du temps où Jean-Michel Guérineau envenimait le débat ?) On se souvient que y’a quelques mois le maire avait fait venir 2 policiers municipaux puisque horreur, y’avait des parents d’élèves de l’école Jean-Jacques Rousseau dans la salle. Remember aussi les débuts du règne de Serge Lepeltier comme maire : les décisions à la hussarde (fermeture maison des jeunes du Val d’O), les embrouilles avec des gens de sa propre majorité tellement qu’il était démocrate.
OK, c’est lui le chef.
Le maire-caporal et ses troupes
L’absence de l’opposition au dernier conseil a mis en évidence de façon trop criante le mutisme servile des divers membres de sa majorité municipale. A un tel point que le maire, dans le BR dit qu’il va « demander à ses adjoints d’impliquer un peu plus les conseillers municipaux pour plus d’interventions. »
Il serait temps et ça nous promet de belles rigolades. On a déjà plaisanté dans l’Agitateur sur le silence des conseillers municipaux de la majorité. Viviane Siméon avait même tenu à prendre la parole pour faire mentir monsieur Bedin qui avait ironisé sur les membres de la majorité ne s’exprimant pas, comme si ils étaient absents. Le Berry Républicain avait aussi rédigé une brève fielleuse sur le silence des adjoints...
Dans le BR, pour sa défense, le maire dit qu’Irène Félix « visiblement n’arrive pas à tenir ses troupes. » Visiblement, lui, il tient trop ses troupes. La formule en elle-même est tout un programme sur l’art et la manière de gérer une démocratie caporalisée.
La Nounou du Cher, consacrée presse nationale...
Pour le maire et ses courtisans de Bourges-Info, l’exercice s’avère périlleux : comment justifier que le maire préfère bousiller un conseil municipal plutôt que juguler son ego et arrondir ce mouvement d’humeur intempestif qui lui fit couper deux fois les micros ? Comment ça, j’exagère ?
Le maire dit, dans le B.R. : « Nous nous sommes mis d’accord pour ne pas parasiter les débats municipaux avec des interventions qui débordent sur le cadre national. », Et en fin article : « je souhaite avant tout que l’on discute des sujets municipaux. »
Ainsi, lorsque on dit « Je salue la Nouvelle République dont c’est le dernier conseil municipal », on fait donc une « intervention qui déborde sur le cadre national » ? Avec la fin de la Nouvelle république – édition du Cher, chef-lieu Bourges – les 80 personnes balancées ne sont donc pas un « sujet municipal » dont le maire voudrait discuter avant tout. Les personnes concernées apprécieront. Ah... si c’était un rond-point qui aurait été licencié, là...
In cauda Venenum
Le maire, toujours dans le BR : « les choses se sont envenimées depuis que Yannick Bedin (PCF) a remplacé Jean-Michel Guérineau. ». Et le site Bourges-Info.com en rajoute dans la servilité : « Pour beaucoup ce qui s’est passé ne l’aurait pas été avant hier avec Jean Claude Sandrier ni hier avec Jean Michel Guérineau. »
Certes, le maire n’aurait peut-être pas osé couper le micro à Jean-Claude Sandrier (celui-ci ayant un statut d’ancien maire de Bourges et député d’une circonscription du Cher). Y’a bien que ça qu’on peut accorder. Puisque le micro d’Irène Félix fut coupé, pourquoi Bourges-Info.com ne couine-t-il pas aussi « Yann revient ! » ?
Qu’est-ce qui s’est donc envenimé avec Yannick Bedin ? Cherchons...
Ah ? Le maire veut peut-être parler d’un conseil municipal ou on annonçait la fermeture d’écoles ? Yannick Bedin avait trouvé que les larmoiements du maire étaient « bidon » - c’est ça, envenimer ? Non, ça ne peut pas, cherchons encore...
Ah ? le maire veut-il faire allusion à une histoire de collecte d’ordures ménagères, de benne, de ripper ? Le maire n’ayant rien à foutre du gugusse qui cavale derrière la benne, Yannick avait dit que la ville n’avait qu’à faire ramasser les poubelles par des enfants, comme en Egypte. » - c’est ça, envenimer ? Non, ça ne peut pas, cherchons, cherchons encore...
Ah ? Le maire veut-il alors revenir sur une histoire de logements sociaux ? Comme le maire prenait exemple sur une petite ville voisine, Yannick Bedin le prof avait dit qu’un élève ayant fait un mauvais travail ne peut pas s’en sortir en montrant un autre élève ayant fait un travail mauvais : « Occupe-toi de toi ! » qu’on lui dit. - c’est ça, envenimer ? Non, ça ne peut pas, cherchons, cherchons, cherchons encore...
Mais on ne trouve plus rien, rin de rin. Le maire pris en flagrant délit de mensonge : pas doué pour les jeux vidéo, il perd encore un point de vie.
Sur le site de Bourges-Info.com, on trouve une belle conclusion : « Il apparaît que Yannick Bedin ne soit pas, pour beaucoup d’élus, à la hauteur de la situation. »
C’est l’histoire d’un type qui réussit à envenimer les débats mais qui n’est pas, en même temps, à la hauteur. Vous m’suivez ? Le mec, il envenime, mais comme il est pas à la hauteur, si le maire ne le clamait pas, personne le saurait. Sauf, bien sûr « beaucoup d’élus ». Je suppose qu’on va avoir les noms des milieux bien informés, sinon le petit scorpion qu’a écrit ça pourra aller voir un psy : je me prenais pour un scorpion, mais, bouh ! je ne suis qu’un bousier poussant une crotte.
Un politicien de droite, bien à droite
Comme n’importe quel petit politicien, Serge Lepeltier y va de la langue de bois. Dans Le BR, il dit que si l’opposition est partie si vite « c’est qu’elle n’a rien à dire sur les dossiers de fond et qu’elle s’oppose uniquement sur la forme. » il n’en croit pas un mot – tout le monde le sait bien, on se farcit assez de débats (parfois très ennuyeux) sur les grands dossiers. Ce genre de minables entourloupes ne le grandit pas. Il va finir par ne pas être à la hauteur, lui aussi.
Notre maire est allé au forum social mondial de Porto-Alegre au Brésil, il est allé à la fête de l’Huma. Ça ne doit pas faire illusion, il reste un vieux machin de droite, avec des vieux trucs de vieux machin réac de droite en tête, lorsqu’il se découvre un peu. Au conseil municipal de décembre 2008, au sujet des déplacements des élèves de l’école Jean-Jacques Rousseau, il s’adresse à Colette Cordat (et un peu aussi à Bedin) en rappelant les déportations réalisées en URSS par les amis dont sont sensés se réclamer les deux susnommés.
Gargamel (phrase culte) : « je me vengerai ! »
Yannick Bedin l’écrit sur son blog : De l’avis d’une adjointe croisée dans le parking de la mairie après coup (mais il tient pas ses troupes ?!), le maire n’a pas apprécié qu’il [Bedin] lui « coupe l’herbe sous le pied » en parlant d’entrée de la Nouvelle république. OK, voili, voilà... le maire l’avait bien dit : « Pour la presse, je le ferai à la fin, je m’exprimerai moi aussi. ». Désolé pour le plumitif de Bourges-Info, le maire a dit « Je ». Le zélé courtisan de Bourges-Info, prenant ses désirs pour la réalité écrit que le maire a dit : « nous parlerions » de ça à la fin du conseil. Tss, tsss, comme d’hab : le maire parlera, et vous, eh bien, en tant que cinquième roue du carrosse, vous attendrez le moment des sandwiches et du p’tit verre de rouge.
Ne pas oublier de sourire
Certes, on peut sourire d’une telle guéguerre de tranchée entre la majorité municipale et l’opposition. On n’oublie pas qu’avec les caméras de vidéo-surveillance, on n’a eu sous la main qu’une opposinaction municipale. On se souvient que les parents d’élèves de Jean-Jacques Rousseau avait trouvé l’opposition un peu molasse. On peut s’étonner que Joël Crotté parle de droit à la parole, lui qui cause 2 fois dans l’année. Bien sûr, on peut sourire de tout ça. S’amuser de la réponse du maire et du codicille de Bourges-Info ne fait pas oublier le reste.
Mais l’incident – le tout petit incident du dernier conseil municipal et les réponses de la majorité nous fournissent l’occasion de constater que le roi est nu. On ne va pas bouder notre plaisir.