Vous faites quoi le 7 Juin, vous ?

3ème partie
dimanche 24 mai 2009 à 17:37, par B. Javerliat
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ?
Le "Berlaymont", siège de la Commission Européenne à Bruxelles

2 semaines. Dans deux semaines auront lieu les élections européennes. Et chez nous, en France, tout le monde s’en fout [1]. Le taux d’abstention devrait battre tous les records, et pourrait, selon certains sondages, atteindre 65 % (45 % en 2004) ! Deux électeurs sur trois, donc, ne devraient pas se rendre aux urnes. Surprenant quand on sait que près de 80% de la législation française découle du droit européen. Mais à y regarder de plus près, est-ce si surprenant que ça ?

Maastricht, le grand mensonge socialiste.

L’Europe libérale où nous vivons est l’Europe issue du Traité de Maastricht. Et en 1992, c’est pourtant la gauche qui a vendu Maastricht aux Français. Devant la menace d’un vote négatif des Français, François Mitterrand lui-même est descendu de son piédestal pour une allocution télévisée à quelques jours du referendum. Son talent d’orateur a fait le reste, et le traité a été accepté de justesse à 51 %

A l’époque, la droite libérale ne cachait pas les objectifs de ce traité :
 Alain Madelin : « Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour de l’expérience socialiste »
 Patrick Devedjian « Loin de défavoriser le socialisme, l’Europe nous en protège »
 Alain Lamassoure « Maastricht est la charte de l’Europe libérale »

On ne pouvait être plus clair.

La gauche pourtant, n’a eu de cesse de montrer l’Europe de Maastricht comme la promesse d’un progrès social inconnu jusqu’alors :
 Martine Aubry : « Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. »
 Pierre Bérégovoy : « l’Europe va tirer le progrès (social) vers le haut »
 Michel Sapin : « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage (...) les entreprises pourront se développer et créer des emplois »
 Julien Dray : « Oui, pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe »

On sait ce qu’il est advenu de ces promesses.

Traité Constitutionnel, le mépris socialiste.

Alors, aveuglement ou mensonge éhonté ?

S’il n’y avait pas eu la campagne sur le Traité Constitutionnel en 2005, on pourrait laisser à la gauche le bénéfice du doute. Mais malgré l’échec patent de l’Europe sociale, le Parti Socialiste a repris les mêmes arguments pour défendre ce traité, qui pourtant, inscrivait dans le marbre de la constitution l’orientation libérale de l’Europe. Craignant la victoire du "non", ils n’hésitent pas non plus à brandir les menaces : « La victoire du « non » réduira durablement la capacité de l’Europe à peser sur les grandes affaires du monde » (Martine Aubry). Cette fois cependant, la ficelle était trop grosse, et les Français, bien aidés en cela par un certain Bolkestein [2], ne se sont pas laissé abuser. Le « non » au referendum sur le Traité Constitutionnel l’a emporté à une très large majorité (55%).

Lisbonne, le déni de démocratie socialiste.

Mais les socialistes n’avaient pas fini de berner leur électorat. Le "non" français avait signé l’arrêt de mort du Traité Constitutionnel (qui devait être ratifié à l’unanimité des pays membres). Pas découragés, les libéraux européens passent le Traité Constitutionnel à la moulinette et en sortent une bouillie appelée Traité de Lisbonne, inchangé sur le fond.
Pour ne pas prendre le risque d’un nouveau "non", le très libéral Sarkozy fraîchement élu décide de modifier la constitution française pour pouvoir ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire (sans passer par un referendum, donc). Que croyez-vous qu’ont fait les socialistes ? Ils ont pris leur courage à deux mains et... se sont abstenus lors du vote au Parlement ! Non seulement le Parti Socialiste ment à ses électeurs depuis des décennies, mais en plus il les méprise en ne s’opposant pas à ce déni de démocratie Sarkozyste [3] .

La collusion idéologique entre le PS et la droite libérale est patente.

Vous faites quoi le 7 Juin, vous ?

[1Voir parties 1 et 2

[2Commissaire européen auteur de la Directive Services relative aux libertés d’établissement des prestataires de service et libre circulation des services dans le marché intérieur, surnommée « directive Bolkestein », dont l’objectif est d’assurer la libre circulation des services en Europe, symbolisée par le fameux "plombier Polonais", Cette directive a été adoptée en 2006

[3« A chaque grande étape de l’intégration Européenne il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple (...) Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution Européenne est un acte majeur et d’en tirer la conséquence qu’elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l’on prenne la peine de solliciter directement l’avis des Français (...) Je crains dans ce cas (vote parlementaire) une réaction d’incompréhension sévère de nos compatriotes. » Nicolas Sarkozy, Convention nationale de l’UMP, le 9 mai 2004

commentaires
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ? - 29 mai 2009 à 12:34

Intentions de vote selon TNS/SOFRES
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#23234
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ? - anatolem - 27 mai 2009 à 16:36

Je vais aller voter le 7 juin 2007, encore une fois mais c’est vrai qu’en bafouant le vote sur la constitution et en passant outre notre décision je pense que le gouvernement c’est mis hors la loi. Maintenant si le soir du 7 juin il y a un taux d’abstention de 65 % il n’y aurait rien d’étonnant.
Le peuple a, je pense "encore la mémoire" des promesses qu’on lui a fait.
Il faut réagir et cesser de se faire manipuler par les médias et autres.
Cordialement.


#23217
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ? - 27 mai 2009 à  17:36

en bafouant le vote sur la constitution et en passant outre notre décision je pense que le gouvernement c’est mis hors la loi.

Hélas non.

Toute l’astuce a consisté à proposer un nouveau traité, donc un nouveau texte*. Ce n’est pas le Traité Etablissant une Constitution pour l’Europe (TECE) qui a été ratifié par voie parlementaire, mais le Traité de Lisbonne (ou Traité modificatif). Cependant, la constitution obligeait jusqu’en février 2008 à passer par un referendum pour ratifier tout nouveau traité. Comme le résultat aurait été très certainement le même ("non"), l’UMP, avec la complicité du Modem et du PS (40 oui et les 150 abstentions environ) a modifié la constitution française en Congrès du Parlement le 4 février 2008 pour autoriser la ratification d’un traité par voie parlementaire.

*Ce que la constitution interdit, c’est de re-soumettre à referendum ou au Congrès du Parlement ce qui a déjà été voté par referendum, sous prétexte que la réponse donnée par les électeurs n’est pas celle attendue.

Voir en ligne : Les perles du "OUI" au referendum de 2005
#23218 | Répond au message #23217
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ? - Mister K - 27 mai 2009 à  18:08

Oui, et concernant la France, dans le programme de Nicolas Sarkozy de 2007, il y avait la proposition d’un mini-traité (qui est devenu Lisbonne) qui serait validé par le parlement français (et non par référendum). En votant Sarkozy en 2007, les français ont renié leur vote de 2005. Et c’est ce fameux vote de 2007 qui légitime le traité de Lisbonne d’un point de vue démocratique en France. Voilà le tour de passe-passe.

Ben oui, il y en a plus d’un qui s’est fait avoir...

#23219 | Répond au message #23218
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ? - 25 mai 2009 à 17:16
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#23190
A bras raccourcis - Mister K - 24 mai 2009 à 22:04

Je trouve cet article assez surprenant. La cible semble "socialiste" et cela m’apparait en partie réaliste, mais aussi en partie injuste.

Certes Maastricht a été vendu aux français par un président socialiste, mais c’est une bonne partie de l’élite économique française qui a fait la promotion du traité. A l’époque, la majorité du RPR, l’UDF et le PS étaient pro-maastricht. Les autres s’y opposaient.

Sur le traité constitutionnel, une bonne partie du PS était contre, Fabius et Mélanchon en tête. Mettre tout le parti socialiste en pro-traité constitutionnel est un raccourci qui tient du mensonge. D’ailleurs, si une partie des électeurs socialistes n’avaient pas voté contre le traité constitutionnel, le non ne l’aurait certainement pas remporté avec 55% des voix.

Pour le traité de Lisbonne, l’abstention du parti socialiste était une consigne afin d’afficher une unité de facade alors que le parti socialiste se déchirait toujours sur le sujet européen. Sans cette consigne, une parti des socialistes auraient voté pour, d’autres contre...et cela n’aurait rien changer au résultat.

La collusion idéologique entre le PS et la droite libérale est patente.

Bon, tout le monde le sais, sur de nombreux points, il n’y a pas beaucoup d’écarts entre les socialistes et la droite. Maintenant, dire cela en une phrase et sans nuance me parait un peu léger. La encore, c’est un sacré raccourci.

Bon, au final, je suis tout de même d’accord que, pour les socialistes, les élections européennes vont être compliquées...


#23176
A bras raccourcis - léonard - 25 mai 2009 à  00:29

Oui Lisbonne parlons en. L’abstention bienveillante du PS a permis de maintenir une unité de façade. Heureusement que Mélenchon et quelques autres ont voté contre. Ils ont sauvé l’honneur des parlementaires socialistes qui ont une nouvelle fois trahi le peuple. Mélenchon et Dolez ont par la suite fondé le parti de gauche qui oeuvre au sein du Front de gauche lors de ces élections européennes. Ils ont fait le bon choix. Le PS ment dans cette élection : les députés européens socialistes, dont Weber qui est dans les moins assidus, votent presque tout avec la droite à Strasbourg (voir la dernière directive énergie). Donc moi le 7 juin je vote Front de Gauche avec Marie France BEAUFILS, pour le rassemblement d’une gauche de gauche.

#23177 | Répond au message #23176