2 semaines. Dans deux semaines auront lieu les élections européennes. Et chez nous, en France, tout le monde s’en fout [1]. Le taux d’abstention devrait battre tous les records, et pourrait, selon certains sondages, atteindre 65 % (45 % en 2004) ! Deux électeurs sur trois, donc, ne devraient pas se rendre aux urnes. Surprenant quand on sait que près de 80% de la législation française découle du droit européen. Mais à y regarder de plus près, est-ce si surprenant que ça ?
Maastricht, le grand mensonge socialiste.
L’Europe libérale où nous vivons est l’Europe issue du Traité de Maastricht. Et en 1992, c’est pourtant la gauche qui a vendu Maastricht aux Français. Devant la menace d’un vote négatif des Français, François Mitterrand lui-même est descendu de son piédestal pour une allocution télévisée à quelques jours du referendum. Son talent d’orateur a fait le reste, et le traité a été accepté de justesse à 51 %
A l’époque, la droite libérale ne cachait pas les objectifs de ce traité :
– Alain Madelin : « Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour de l’expérience socialiste »
– Patrick Devedjian « Loin de défavoriser le socialisme, l’Europe nous en protège »
– Alain Lamassoure « Maastricht est la charte de l’Europe libérale »
On ne pouvait être plus clair.
La gauche pourtant, n’a eu de cesse de montrer l’Europe de Maastricht comme la promesse d’un progrès social inconnu jusqu’alors :
– Martine Aubry : « Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. »
– Pierre Bérégovoy : « l’Europe va tirer le progrès (social) vers le haut »
– Michel Sapin : « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage (...) les entreprises pourront se développer et créer des emplois »
– Julien Dray : « Oui, pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe »
On sait ce qu’il est advenu de ces promesses.
Traité Constitutionnel, le mépris socialiste.
Alors, aveuglement ou mensonge éhonté ?
S’il n’y avait pas eu la campagne sur le Traité Constitutionnel en 2005, on pourrait laisser à la gauche le bénéfice du doute. Mais malgré l’échec patent de l’Europe sociale, le Parti Socialiste a repris les mêmes arguments pour défendre ce traité, qui pourtant, inscrivait dans le marbre de la constitution l’orientation libérale de l’Europe. Craignant la victoire du "non", ils n’hésitent pas non plus à brandir les menaces : « La victoire du « non » réduira durablement la capacité de l’Europe à peser sur les grandes affaires du monde » (Martine Aubry). Cette fois cependant, la ficelle était trop grosse, et les Français, bien aidés en cela par un certain Bolkestein [2], ne se sont pas laissé abuser. Le « non » au referendum sur le Traité Constitutionnel l’a emporté à une très large majorité (55%).
Lisbonne, le déni de démocratie socialiste.
Mais les socialistes n’avaient pas fini de berner leur électorat. Le "non" français avait signé l’arrêt de mort du Traité Constitutionnel (qui devait être ratifié à l’unanimité des pays membres). Pas découragés, les libéraux européens passent le Traité Constitutionnel à la moulinette et en sortent une bouillie appelée Traité de Lisbonne, inchangé sur le fond.
Pour ne pas prendre le risque d’un nouveau "non", le très libéral Sarkozy fraîchement élu décide de modifier la constitution française pour pouvoir ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire (sans passer par un referendum, donc). Que croyez-vous qu’ont fait les socialistes ? Ils ont pris leur courage à deux mains et... se sont abstenus lors du vote au Parlement ! Non seulement le Parti Socialiste ment à ses électeurs depuis des décennies, mais en plus il les méprise en ne s’opposant pas à ce déni de démocratie Sarkozyste [3] .
La collusion idéologique entre le PS et la droite libérale est patente.
Vous faites quoi le 7 Juin, vous ?
[2] Commissaire européen auteur de la Directive Services relative aux libertés d’établissement des prestataires de service et libre circulation des services dans le marché intérieur, surnommée « directive Bolkestein », dont l’objectif est d’assurer la libre circulation des services en Europe, symbolisée par le fameux "plombier Polonais", Cette directive a été adoptée en 2006
[3] « A chaque grande étape de l’intégration Européenne il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple (...) Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution Européenne est un acte majeur et d’en tirer la conséquence qu’elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l’on prenne la peine de solliciter directement l’avis des Français (...) Je crains dans ce cas (vote parlementaire) une réaction d’incompréhension sévère de nos compatriotes. » Nicolas Sarkozy, Convention nationale de l’UMP, le 9 mai 2004