Après le Décret du 22 août...

Centres de Rétention : « SILENCE ! »

Les belles surprises de l’été - 3
jeudi 16 octobre 2008 à 06:37, par clarinette

En plein été, le 22 août, est paru un Décret "portant modification du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile en matière de rétention administrative"... Ce décret prévoit des modifications de certaines procédures [1], mais aussi la modification de l’accès de certaines personnes morales dans les Centres de Rétention administrative... Depuis lors, on a entendu parler de la Cimade, association concernée par ces modifications, et puis d’une pétition... mais de quoi s’agit-il ? Que se passe t-il dans ces fameux "CRA" ?... Et quel est le but de ce décret, au fond ?...

Les CRA, à quoi ça sert ?

Centres de Rétention : « SILENCE ! »

Les CRA, ce sont des « Centres de Rétention Administrative », ils sont 24 en France métropolitaine, plus une dizaine de « Locaux de Rétention Administrative », qui sont des Centres, mais en plus petit – et moins « confortables ». Plus de 31000 personnes y ont transité en 2006 (dont 197 enfants...), 35000 personnes en 2007 (cf Rapport 2007 de la Cimade sur les CRA), pour une durée maximum de 32 jours, et une durée moyenne de treize jours par personne retenue [2] ... Mais qui sont-elles ? Qui faut-il donc « retenir » ? Eh bien, n’importe qui : un homme, une femme, un enfant peut y être enfermé, sans qu’il ait fait le moindre mal. Depuis 1980, la loi permet en effet d’enfermer quelqu’un, alors même qu’il n’a commis aucun crime ni délit, uniquement parce que sa situation administrative n’est pas bonne. Parce qu’il n’a pas les bons papiers, les bons tampons au bon endroit... Et cela sans avis d’aucun tribunal, mais uniquement par une décision administrative préfectorale. La rétention administrative, c’est donc « la possibilité de « maintenir » les étrangers en instance de départ forcé dans des locaux placés sous surveillance policière (« centres de rétention » ou locaux de police) jusqu’à leur départ effectif. »
 [3]
A noter que tous les étrangers « reconduits » à la frontière ne transitent pas par un CRA, d’autres locaux servant à l’occasion de lieux temporaires de rétention. Mais les projets du gouvernement, et de Brice Hortefeux sont clairs : alors qu’en cinq ans, on a déjà augmenté de 77 % le nombre de places dans les CRA, on passera en 2009 de 24 à 30 CRA en 2009 [4]. En effet, les fameux quotas d’expulsions, dont on ne parle plus guère, sont toujours d’actualité... F. Fillon annonçait en février un objectif de 26000 expulsions pour 2008 ; le 19 juin, Brice Hortefeux se félicitait déjà de l’efficacité de ses services en matière d’expulsions : « 14 660 étrangers en situation irrégulière ont en effet été reconduits aux frontières depuis le 1er janvier 2008, soit une hausse de 80% en comparaison avec la même période de l’année précédente ! "Jamais sur une année autant de clandestins n’ont été reconduits dans leur pays d’origine" » [5]

Les CRA, qu’est-ce que c’est ?

« Des locaux surveillés, qui ne relèvent pas de l’administration pénitentiaire » [6], placés sous la surveillance de la Police ou de la Gendarmerie Nationale. On y enferme, mais ce ne sont pas des prisons, ...alors quoi ? Si, comme moi, vous n’êtes jamais entrés dans un CRA, deux sources d’informations sont disponibles. Tout d’abord le rapport annuel de la Cimade, seul organisme habilité pour le moment (jusqu’au 1er janvier 2009), à intervenir dans les CRA, pour une mission d’ « accompagnement des étrangers » et d’ « aide à l’exercice des droits des personnes retenues » [7]. Ensuite les rapports des parlementaires, seuls autorisés à visiter les CRA.

La Cimade

Association créée en 1939 dans les milieux de jeunes chrétiens protestants, la CIMADE (« Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués ») avait pour objet d’aider et de secourir les populations évacuées d’Alsace et de Lorraine, puis après 1940, de venir en aide aux prisonniers dans les camps d’internement et les centres d’accueil du Ministère du Travail [8] : « La Cimade s’y occupait des problèmes matériels comme des besoins psychologiques et spirituels ». Mais après 1942, son activité devient résistante : « Elle camoufle des gens, aide à traverser des frontières et constitue des états civils et des faux papiers ».
Aujourd’hui, « La Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur position politique ou religieuse. » (Article 1 des statuts). Depuis 1984, par convention avec le Ministère des Affaires Sociales, elle exerce dans les CRA une « mission associative d’aide juridique en rétention » [9] ce que le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, 30 décembre 2007 formule ainsi : « L’État passe une convention avec une association à caractère national ayant pour objet d’informer les étrangers et de les aider à exercer leurs droits. L’association assure à cette fin, dans chaque centre, des prestations d’information par l’organisation de permanences, et la mise à disposition de documentation » [10]. Elle intervient donc dans les CRA (tout comme dans certains établissements pénitentiaires), pour « être présente aux côtés des étrangers enfermés », c’est à dire « accueillir, orienter et défendre les personnes étrangères et demandeuses d’asile précarisées ou dont les droits sont menacés » ... Avec un pareil programme de solidarité et d’assistance aux étrangers, on comprend mieux pour le gouvernement l’enjeu du décret du 22 août, et de l’appel d’offres qui lui fait suite : bouter la Cimade hors des CRA, et pouvoir tranquillement « retenir », puis expulser...

Le rapport de la Cimade...

En effet, non seulement la Cimade, par l’intermédiaire de ses 70 intervenants, visite les CRA, rencontre les « retenus », leur parle, les conseille, les aide à accomplir leurs démarches administratives, mais encore elle publie un rapport annuel qui, sans doute, dérange un peu.
Le rapport analyse en effet les conditions matérielles de rétention des étrangers, centre par centre, avec finesse et précision : nourriture, locaux, accès à l’hygiène et aux soins médicaux, etc. Les conditions se révèlent parfois douteuses : locaux insalubres, manque de lumière (Local de Choisy le Roi), chauffage insuffisant en hiver (Marseille, Rouen...), pièces inondées par temps de pluie (Marseille), nourriture insuffisante (Vincennes), cour de promenade trop peu accessible (Nice), interdiction d’accès des retenus à un quelconque ouvrage papier, magazine ou livre (Rennes) – l’inventaire est non exhaustif, malheureusement. Certains locaux sont carrément non conformes aux normes telles qu’elles sont définies par le Décret du 30 mai 2005 « relatif à la rétention administrative et aux zones d’attente » [11]

Mais le rapport analyse aussi les « conditions d’exercice des droits » des étrangers retenus, et là, la situation n’est pas toujours jolie non plus : mauvaise information des personnes, droits non respectés (libre accès aux communications téléphoniques, droit de visite des proches, droit de dormir tranquillement...), mauvaises conditions d’exercice des procédures et de la justice (cf à Marseille, les « audiences délocalisées » du Juge des Libertés et de la Détention, dans une petite salle, sans lumière naturelle, dont la description ne respire pas la sérénité [12].
Il arrive aussi, une fois au moins, que le rapport note que « Les retenus sont traités comme des êtres humains lors de leur passage au centre » [13]... Dans quel univers sommes-nous, pour qu’il faille écrire que l’on traite ici les retenus comme des êtres humains ? Comment cela se passe t-il dans les autres centres ?

Enfin, le rapport fait état de cas particuliers, analyse des situations individuelles dramatiques (familles avec enfants en bas âge – certains cas ont été médiatisés ces mois derniers), mais aussi « Conjoints de français, malades, vieillards, futurs parents d’enfants français, mineurs, demandeurs d’asile craignant pour leur vie, touristes, résidents réguliers dans un autre pays européen, jeunes majeurs, doubles peines... » (Rapport Cimade, p.3) , ubuesques ou aberrantes (Une américaine placée au Centre de Rétention du Mesnil-Amelot, alors qu’elle se trouvait en situation régulière, p. 104...), et prend position, révélant « la réduction du droit des migrants au nom d’une logique d’efficacité » (p.7), et l’absurdité de pratiques ou de procédures motivées uniquement par le souci de faire du chiffre, telle l’histoire de cet homme arrêté à l’aéroport de Lyon alors qu’il rentrait en Turquie, placé une nuit au centre de rétention de Lyon, et escorté le lendemain pour partir en Turquie, avec son billet ! (« la course aux chiffres », p.87). Mais plus grave encore que l’absurdité et la bêtise, c’est la souffrance engendrée par ces pratiques qui est dénoncée, à chaque page ou presque... Exemple : le développement des interpellations à domicile, au petit matin, « événement violent, traumatisant, qui ne devrait pas concerner des personnes dont le seul délit est d’être en situation administrative irrégulière » (p.11), d’autant plus qu’il s’agit souvent de familles, et donc d’enfants...

Les parlementaires

Ils possèdent un droit de visite, et l’exercent, pour autant que l’on puisse le savoir (en faisant une recherche sur le Net, j’ai trouvé plutôt des rapports émanant d’élus Verts, socialistes et communistes) ...mais leurs rapports sont-ils lus ? Servent-ils à quelque chose ? On peut se le demander. Prenons l’exemple des évènements survenus au CRA de Vincennes l’été dernier (grève de la faim, révolte, incendie volontaire d’une partie du Centre...) : déjà le 1er avril 2005, le sénateur Richard Yung dénonçait le désespoir et la violence qu’il avait constaté au CRA de Vincennes, dans les termes suivants ; "La situation de ces hommes jeunes qui arrivent ici à la fin d’un parcours de migration, à la fin de leur espoir d’installation en France, génère désespoir et violence. Violence tournée contre eux-mêmes (la CIMADE fait état de 20 cas d’automutilation en 2004 pour Paris et Vincennes), contre leurs co-retenus et contre le matériel et les locaux. L’exigüité des locaux, l’absence de vie sociale, le fait que l’accompagnement psychologique soit laissé à la seule bonne volonté des agents de l’OMI et des bénévoles de la CIMADE, la difficulté d’accéder aux droits que la loi leur reconnaît, tous ces facteurs aggravent une situation intrinsèquement désespérée" [14].
Le 21 avril 2006, le même centre recevait la visite du Sénateur David Assouline, qui témoignait de la « colère » des détenus, et annonçait : « il faut s’attendre à une dégradation de la situation dans les semaines à venir » [15]. Enfin, le 9 mai 2008, Harlem Désir et Patrick Gaubert (députés européens) visitaient Vincennes et dénonçaient à leur tour « les conditions de vie des sans-papiers retenues mais aussi la gestion des dossiers par l’administration » [16].
Tout le monde savait donc bien que la situation était explosive dans les Centres de Vincennes et du Mesnil-Amelot, ceux même qui ont connu les incidents les plus graves cet été...

Des parlementaires peuvent visiter et alerter, la Cimade rédiger un rapport annuel, et alors ? A quoi cela sert-il ?... Les CRA restent un univers carcéral, « une prison pour étrangers » (Rapport Cimade p.224), où se passent des choses indignes.

Et pourtant ils gênent...

Les rapports ne servent peut-être pas à grand chose, mais ils doivent gêner un peu, un petit peu. Assez pour que, le 22 août 2008, paraisse un Décret qui modifie les conditions d’intervention dans les centres de rétention administrative (CRA) quant à l’aide à l’exercice des droits des étrangers. Il s’agit toujours d’assurer dans les CRA « des prestations d’information, par l’organisation de permanences et la mise à disposition de documentation » [17], et le décret précise : « A cet effet il sera demandé aux différents titulaires d’assurer la mise à disposition d’intervenants sociaux et de documentation dans les centres de rétention administrative relevant du ou des lots dont ils sont attributaires ». La priorité est rappelée : « mettre à disposition de la documentation » plutôt que conseiller, plutôt que défendre, plutôt qu’aider....

L’autre disposition nouvelle est la création de huit « lots » régionaux, pour lesquels un appel d’offres est lancé, selon une procédure administrative classique mais sans doute inadaptée à la mission dont il est question : finies la vue d’ensemble, la comparaison possible entre des réalités locales ; au panier la reconnaissance d’une compétence propre aux associations... Si les "prestataires" sont au nombre de huit, il y aura huit rapports, rédigés à partir de critères et de valeurs différents... On voit bien que l’enjeu de ce décret du 22 août est d’abord de faire taire ceux qui témoignent, ceux qui dénoncent, ceux qui prennent parti : Moins de bruit autour des CRA, s’il vous plaît !...
Le Décret prévoit d’ailleurs que les intervenants devront respecter une « stricte neutralité », et que les rapports concernant leur activité ne pourront être rendus publics (le « devoir de confidentialité »)... c’est tout dire ! Comme le dit le Gisti : « Étrangers : silence on enferme ! » [18].

« Les droits des étrangers ne peuvent se réduire à un marché »

Heureusement les principales associations susceptibles de répondre à l’appel d’offres ont réagi. Avec clairvoyance, avec loyauté vis à vis de la Cimade et du travail accompli. Elles proclament : "Les droits des étrangers ne peuvent se réduire à un marché" : c’est le titre de la pétition qui circule, et que je vous invite à signer... même si parfois nous n’aimons guère les pétitions électroniques. Voici un extrait de l’appel de 34 associations oeuvrant dans le domaine de la solidarité, demandant le retrait du décret :

« La mission telle qu’exercée jusqu’à ce jour par la Cimade auprès des étrangers retenus dans les CRA afin « de les informer et de les aider à exercer leurs droits » sera remise en cause par ces nouvelles dispositions :
 la réforme dénature la mission car l’assistance à l’exercice effectif des droits des personnes retenues est désormais réduite à une seule mission d’information ;
 l’émiettement de cette mission contrarie toute observation, analyse et réaction d’ensemble sur la situation prévalant dans les centres de rétention. Il entraînerait, outre une inégalité de traitement, une réduction de la qualité de l’aide apportée aux étrangers ;
 l’ouverture de cette mission par voie d’appel d’offres de marchés publics à des opérateurs autres que les associations spécialisées menace l’exercice des droits fondamentaux des personnes retenues ;
 l’exigence de neutralité, de discrétion et de confidentialité revient à entraver toute parole publique de témoignage et d’alerte sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux. »

Il y a urgence à se mobiliser, et vigilance à avoir : le 22 octobre, c’est la date limite pour le dépôt des candidatures... Le « marché » s’emparera-t-il de ce nouveau champ d’action ?
Si oui, cela ne changera sans doute pas fondamentalement les conditions dans les CRA, mais ce sera un peu plus de silence autour des CRA, un peu moins de clarté et de vérité, ce sera aussi un peu plus de lâcheté de notre part.

Suite des événements : Lundi dernier (13 octobre), deux avocats ont déposé au nom de plusieurs associations (Ligue des droits de l’homme, Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), Avocats pour la défense des droits des étrangers, Syndicat des avocats de France) un référé contre cet appel d’offres. Il met en avant deux irrégularités : D’une part, dans le cas où la France serait divisée en huit lots, l’appel d’offres interdit à deux associations d’intervenir dans le même centre de rétention. Problème : « l’appel d’offres l’interdit, alors que la loi l’autorise », affirme Serge Slama, avocat. Deuxième irrégularité mise en avant : la contradiction entre le texte du décret « portant
modification du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit
d’asile en matière de rétention administrative » et celui de l’appel
d’offres consécutif. Le premier prévoit un accompagnement juridique des
étrangers afin de leur permettre un accès effectif au droit, le second
prévoit une simple permanence d’information.
Dès ce mardi matin, 14 octobre, le Tribunal Administratif a suspendu l’appel d’offres, en attendant le jugement de fond. C’est une première victoire... Lire ici et ...

La pétition est à lire (et à signer) sur : http://placeauxdroits.net/petition2/?petition=5

[1exemple : l’instauration de la possibilité d’interjeter appel de l’ordonnance rendue par le juge des libertés et de la détention – et non plus uniquement de former un pourvoi en cassation – devant le premier président de la cour d’appel ou son délégué, dans les 24 heures de son prononcé, par l’étranger, par le préfet de département et, à Paris, par le préfet de police...

[2source : Rapport 2007 de la Cimade sur les CLRA, p.9, à lire ici

[3source : gisti

[4Brice Hortefeux à l’Hebdomadaire Réforme, cité ici

[5à lireici

[6définition lue ici

[7rapport de la Cimade, p.4

[8plus de 40000 internés, juifs étrangers notamment et réfugiés politiques opposants au régime nazi, dans les camps de Gurs, Agde, Argelès, Rivesaltes, Aix, Brens, voir ici

[9source Cimade

[10R 553-14 titre V

[11à lire ici

[12Rapport Cimade, p.92

[13à Strasbourg, voir Rapport Cimade, p.208

[14à lire ici

[15à lire ici

[16à lire ici

[17Décret n° 2008-817 du 22 août 2008, article 5 à lire ici

[18gisti

commentaires
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - Eulalie - 10 novembre 2008 à 23:58

En lien, aux Editions Libertalia ,Feu au centre de rétention. Livre témoignages des sans-papiers du Cra de Vincennes dont le produit des ventes ira à la défense des 6 personnes emprisonnées.
Le Cra de Vincennes a réouvert aujourd’hui 10 novembre 2008.


#14679
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - Eulalie - 31 octobre 2008 à 13:05
#14532
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - clarinette - 18 octobre 2008 à 13:21

A voir, et diffuser sans modération... : http://www.cetaitpiredemain.org/


#14440
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - criTique - 18 octobre 2008 à 10:08

Vous dites : "des gens qui n’ont rien fait de mal "
Ils ont enfrain la première règle, ils viennent en France sans notre accord.
Si je peux comprendre que ces "gens" tentent de fuir la misère de leur pays, je peux tout autant comprendre que ce pays, en l’occurence la France fasse tout ce quelle peut pour ne pas etre envahie par des gens quelle ne veux pas.
On ne peux tenir deux discours, se plaindre de toucher moins de retraite, plus de chomage, de ne pas avoir assez de logements sociaux, de devoir payer plus de securité sociale en etant remboursé moins etc... et defendre les sans papiers.
Toute cette bonté a un prix astronomique, qu il faut payer.
Les CRA ne concernent qu une infime partie des sans papiers qui rentrent chez nous.
Dites nous tout sur tout !
Dites nous combien de familles entières arrivées illégalement ont été régularisées.
Dites nous combien de familles travaillent.
Dites nous combien de familles ne travaillent pas et touchent rmi, cmu, aides diverses, etc...
Dites nous si en ayant travaillé très peu ou en etant au chomage beaucoup, ils auront une retraite.
Dites nous combien de familles obtiennent un appartement dans l’année de leur arrivée, passant devant d’autres familles qui attendent patiemment leurs tour depuis des années.
Dites nous qui payent pour entretenir des familles entières.
Dites nous pourquoi dans un pays ou les résidents ne travaillent pas tous et où le chomage est en progression, on a besoin d’accueillir des étrangers.
Dites nous pourquoi les syndicats d’ouvriers et les partis politiques de gauche, défendent les sans papiers au détriment des ouvriers au chomage.
Dites nous pourquoi ces "gens" continuent de venir en France si on est si mal traité.
Dites nous tout, si vous le voulez, si vous le pouvez.
Mais celà est bien difficile, car en France on s’interdit de compter certaines choses.
Alors Silence...


#14428
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - clarinette - 18 octobre 2008 à  12:24

Vous dites : "des gens qui n’ont rien fait de mal " Ils ont enfreint la première règle, ils viennent en France sans notre accord.

Je ne crois pas que venir en France, même illégalement, ce soit "faire du mal". Et je ne crois pas que ne pas avoir de carte d’identité en règle, ce soit "faire du mal". Mais il faut savoir ce que vous considérez comme Bien et Mal... Par ailleurs, depuis quand ai-je à donner mon accord pour que les gens circulent sur la planète ?! Je vous rappelle l’article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »

Si je peux comprendre que ces "gens" tentent de fuir la misère de leur pays,

Pourquoi « gens » avec des guillemets ? Ce sont en effet des gens, des êtres humains, comme nous.

je peux tout autant comprendre que ce pays, en l’occurence la France fasse tout ce quelle peut pour ne pas etre envahie par des gens qu’elle ne veut pas.

Qui parle d’être envahis ? Où sont les envahisseurs ? En connaissez-vous personnellement, vous-mêmes, des gens sans-papiers ?!!

On ne peux tenir deux discours, se plaindre de toucher moins de retraite, plus de chomage, de ne pas avoir assez de logements sociaux, de devoir payer plus de securité sociale en etant remboursé moins etc... et defendre les sans papiers.

Je ne pense pas avoir, dans cet article, tenu deux discours, comme vous le suggérez. Je ne crois pas qu’il soit juste de mette en balance les deux réalités que vous évoquez. Je crois qu’il est juste, et légitime, de défendre les sans-papiers, au nom de valeurs universelles, que nous avons la chance de pouvoir revendiquer et mettre en oeuvre ici, en France, car nous sommes une République, car nous croyons à des valeurs qui ne sont pas celles du « chacun pour soi et tant pis pour les autres ».

Toute cette bonté a un prix astronomique, qu il faut payer.

Je ne sais pas de quelle bonté vous parlez. Les sans-papiers que je connais ne vivent pas dans l’opulence, loin de là. En l’occurence, les CRA coûtent de l’argent, sans doute, mais je ne pense pas qu’on puisse les mettre dans la catégorie « bonté ».

Les CRA ne concernent qu’une infime partie des sans papiers qui rentrent chez nous.

A mon avis, ils concernent trop de gens, en tous cas. Je ne crois pas à l’invasion invisible de gens « qui rentrent chez nous », invasion que vous semblez imaginer... Je sais que des gens veulent, venir, que certains le tentent au péril de leur vie, c’est une réalité. Mais « chez nous », savez-vous ce que c’est ? C’est juste l’endroit où le hasard nous a fait naître... Rien à part le hasard, rien ne justifie que nous nous appropriions quoi que ce soit... Nous avons de la chance, c’est tout. Ensuite à chacun de choisir comment il va se comporter en tant qu’être humain, par rapport à ses frères humains...

Dites nous tout sur tout !

Ce serait si simple, de savoir « tout sur tout » ! Vraiment, « tout sur tout » croyez-vous cela possible ? Regardez la polémique sur les chiffres du chômage : un chiffre dit-il une vérité ? Laquelle ?... je pense que, souvent, un chiffre annoncé dit avant tout une vérité sur celui qui le publie, sur ce que veut dire ou prouver celui qui publie...

Dites nous tout, si vous le voulez, si vous le pouvez.

Bien sûr que je ne vous dirai pas « tout sur tout », personne ne le peut ! Mais je ne pense pas non plus que l’on ne puisse rien savoir... je pense qu’on peut, qu’on doit chercher à connaître la réalité des choses (je n’ai pas écrit « la vérité », notez bien...), honnêtement, sans préjugé. C’est ce que j’essaie de faire lorsque je rédige un article comme celui-ci, sur les CRA. C’est ce que permet de faire le rapport de la Cimade, entre autres, qui expose, clairement, des faits, des événements qui se passent dans les CRA. Si ce rapport disparaissait, justement, on saurait bien moins de choses sur la rétention, sur ce qui se passe dans les Centres, etc.
Par ailleurs, le discours sur le coût supposé des sans-papiers, ou des immigrés au sens large, est quelque chose de déjà entendu, et qui semble t-il ne résiste guère aux argumentaires savants. Il me semble avoir appris que la croissance économique extraordinaire des Trente Glorieuses aurait été impossible sans le travail des étrangers ici, en France. Nous profitons encore de cette richesse...
Enfin il me semble avoir lu aussi que les exemples des régularisation assez massives opérées en Italie et en Espagne avaient produit un effet positif sur la croissance, puisque les régularisations génèrent ensuite cotisations sociales et consommation... Mais je ne suis pas asez compétente pour vous dire « tout sur tout » là-dessus.

Alors Silence...

Non.

#14436 | Répond au message #14428
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - criTique - 19 octobre 2008 à  09:28

Vous semblez vivre dans un monde virtuel où l’argent et l’économie n’aurait pas cours !
Le monde appartient selon vous à tous, on se demande bien pourquoi on a été en guerre contre les allemands, et pourquoi on n’est pas restés en Algérie !
Demandez donc à ces sans papiers pourquoi quittent ils leurs pays pour rejoindre le notre. Ils vous répondront que c’est pour y vivre mieux que chez eux. Et comment vit on mieux sinon qu’en ayant des subsides ?
Je maintien que d’accorder des subsides (rmi rsa, apl, allocations familiales, scolarisation, aides diverses, etc...) est une grande BONTE !
Pour moi le raisonnement est simple, quand on mange un gateau à 10 tout le monde se régale, quand on le mange à 100 tout le monde reste sur sa faim.
Vous vous gardez bien de répondre à certaines questions, que je reprend donc :

- Dites nous combien de familles entières arrivées illégalement ont été régularisées.
- Dites nous combien de familles travaillent.
- Dites nous si en ayant travaillé très peu ou en etant au chomage beaucoup, ils auront une retraite.
- Dites nous combien de familles obtiennent un appartement dans l’année de leur arrivée, passant devant d’autres familles qui attendent patiemment leurs tour depuis des années.
- Dites nous qui payent pour entretenir des familles entières.
La solidarité est toujours payées par les pauvres pour les pauvres, il vous faut donc poursuivre votre argumentation jusqu’au bout et expliquer aux francais par quel miracle l’immigration est bonne pour eux.

Soit les étrangers sans papiers viennent pour travailler, mais on a beaucoup de chomage on n’a pas de travail pour eux.
Soit les étrangers sans papiers viennent pour toucher le pactole des subventions sociales, et on accepte de se sacrifier et de payer encore plus de cotisations et d impots pour les entretenir.
Alors un pays a tous les droits pour endiguer une immigration sauvage et non désirée.
Bien que ce ne soit qu’une goutte d’eau dans l’océan, les CRA ne concernent qu’un tout petit quart des sans papiers trouvés en France.
Tout ce cinéma n’est que du pipeau joué par notre Sarko national.

#14449 | Répond au message #14436
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - Mister K - 19 octobre 2008 à  12:17

Et comment vit on mieux sinon qu’en ayant des subsides ? Je maintien que d’accorder des subsides (rmi rsa, apl, allocations familiales, scolarisation, aides diverses, etc...) est une grande BONTE ! Pour moi le raisonnement est simple, quand on mange un gateau à 10 tout le monde se régale, quand on le mange à 100 tout le monde reste sur sa faim.

Arf...du bon sens paysan, c’est ça ? Bon, pour info, il y a aussi des gens qui travaillent, y compris des sans-papiers. A vous entendre, on ne viendrait en France que pour les aides sociales. Votre caricature est pitoyable.

Soit les étrangers sans papiers viennent pour travailler, mais on a beaucoup de chomage on n’a pas de travail pour eux.

Pour info, puisqu’il semble que vous ne soyez pas trop sorti de chez vous depuis 50 ans, et puisque votre rhétorique c’est, le très connu, "les étrangers (sans papiers ou non d’ailleurs, j’imagine) prennent le boulot des autres", sachez que les étrangers nous prennent surtout du travail par le jeu des délocalisations et de la loi du marché, les industries textiles sont en Chine, en Inde ou au Vietnam, elles ne sont plus en France (c’est un exemple). Les sans-papiers sont exploités par des patrons sans scrupules. Et en règle générale, les étrangers, en situation régulière ou non font des boulots pénibles et mal payés que peu de gens leur envie...

Soit les étrangers sans papiers viennent pour toucher le pactole des subventions sociales, et on accepte de se sacrifier et de payer encore plus de cotisations et d impots pour les entretenir.

Moi, ce que je vous propose, c’est d’essayer de vivre avec le "pactole des aides sociales". C’est vrai que en France, tout le monde a envie d’être au RMI, c’est bien connu.

Alors un pays a tous les droits pour endiguer une immigration sauvage et non désirée. Bien que ce ne soit qu’une goutte d’eau dans l’océan, les CRA ne concernent qu’un tout petit quart des sans papiers trouvés en France. Tout ce cinéma n’est que du pipeau joué par notre Sarko national.

Bon, comme vous semblez très préoccupé par l’impact économique de l’immigration illégale, sachez qu’en gros, c’est une goutte d’eau dans un pays de plus de 60 millions d’habitants. La légalisation de tous les sans-papiers coûterait peut-être moins cher que leur chasse éhontée...et pendant ce temps, la police pourrait faire son travail de lutte contre l’insécurité.
De plus, si on regardait l’impact économique de l’immigration (légale ou illégale), il y a de grandes chances qu’il serait positif pour l’économie. Mais comme nous vivons dans la démagogie la plus totale sur ce sujet depuis 25 ans, votre raisonnement à courte vue a de l’avenir devant lui, malheureusement.

Au final, l’article de Clarinette ne parle pas d’économie mais bien d’humanité. Pour tout être un peu censé, c’est qui devrait compter avant tout. Vos affirmations à base de pseudo-logique économique et de parts de gâteau, c’est du flan.

#14450 | Répond au message #14449
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - criTique - 20 octobre 2008 à  21:00

Je note que vous prenez soin de passer sous silence certaines de mes questions, les sept millions de pauvres sous le seuil de pauvreté vivants sur notre territoire apprécieront...
Vous devez peut etre faire partie de la poignée d’individus qui va faire le pied de grue à la porte du commissariat quand un clandestin y est interpellé.
Certes les relans d’accusation de haine de l’étranger que vous sous entendez à mon égard peuvent noyer le poisson, mais que les choses soient claires ce n’est pas mon cas car dans les pauvres que je cite plus haut j’y inclus ceux d’origines étrangères en situation légales. Je vous conseille également de réviser vos fractions et pourcentages en ce qui concerne la goutte d’esu, car si demain la France régularisait ses clandestins il se présenterait entre 1 et 2 millions de candidats dans les préfectures.

Bon, pour info, il y a aussi des gens qui travaillent, y compris des sans-papiers. A vous entendre, on ne viendrait en France que pour les aides sociales. Votre caricature est pitoyable.

Juste pour vous rappeler que les sans papiers sont des clandestins qui n’ont pas le droit de travailler ! Continuez et au prochain post je parie que vous avancerez qu ils payent cotisations et impots. Votre vision de la réalité est stupidement idyllique.
Quoi que vous en dites, cher Monsieur K (Je ne ferais aucun jeu de mot à deux balle) quand on veux faire de l’humanitaire, on le chiffre et surtout on s’occuppe des pauvres de son pays avant d’en faire venir d’autres de l’étranger.

#14460 | Répond au message #14450
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - Mister K - 20 octobre 2008 à  22:27

Je note que vous prenez soin de passer sous silence certaines de mes questions, les sept millions de pauvres sous le seuil de pauvreté vivants sur notre territoire apprécieront...

Opposer les uns aux autres est démagogique et ne règle rien. Je ne rentrerai pas dans votre jeu...

Vous devez peut etre faire partie de la poignée d’individus qui va faire le pied de grue à la porte du commissariat quand un clandestin y est interpellé.

Pas vraiment. Mais je comprends ceux qui le font.

Certes les relans d’accusation de haine de l’étranger que vous sous entendez à mon égard peuvent noyer le poisson

Ben voyons ! Votre rhétorique à l’air trop bien huilée pour être innocente...

Je vous conseille également de réviser vos fractions et pourcentages en ce qui concerne la goutte d’esu, car si demain la France régularisait ses clandestins il se présenterait entre 1 et 2 millions de candidats dans les préfectures.

Où est-ce que vous vous fournissez pour vos chiffres ? Moi, je me base sur les 170 000 demandes de régularisations en 1997. Même en admettant que 50% des sans-papiers à l’époque aient eu peur de faire cette demande, on est très loin de vos chiffres, non ? Sarkozy avait admis une estimation entre 200 000 et 400 000 sans papiers. Alors qui doit réviser ses chiffres ?

Juste pour vous rappeler que les sans papiers sont des clandestins qui n’ont pas le droit de travailler ! Continuez et au prochain post je parie que vous avancerez qu ils payent cotisations et impots.

Ben oui, un certain nombre travaillent, paient leurs cotisations et leurs impôts...ils travaillent dans les restaurants de Paris, dans les sociétés de nettoyage par exemple. Vous ne suivez pas beaucoup l’actualité semble-t-il...

Votre vision de la réalité est stupidement idyllique.

Euh, il faudra m’expliquer ce qui est idyllique dans la situation des sans papiers en France...

quand on veux faire de l’humanitaire, on le chiffre et surtout on s’occuppe des pauvres de son pays avant d’en faire venir d’autres de l’étranger.

Déjà, je ne fais pas d’humanitaire. Je n’ai pas ce mérite là. Je considère seulement que la chasse aux étrangers en situation irrégulière est une honte, que les conditions dans lesquels ils sont retenus dans les centres de rétention est une honte, et que l’on aurait bien mieux à faire que cela, que cela n’honore pas nôtre pays. Ensuite, moi, je ne fais venir personne, pas plus que "les humanitaires" ne le font. Ils décident seuls de venir parfois en prenant d’énormes risques. J’admire le courage de ces gens qui arrivent dans notre pays contre vents et marées (parfois au sens propre d’ailleurs...), en laissant derrière eux leur famille, leurs repères et en espérant ici une vie meilleure. On a qu’une vie. Je peux comprendre que quand on est désespéré, on tente le tout pour le tout pour s’en sortir.

#14461 | Répond au message #14460
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - Eulalie - 16 octobre 2008 à 14:40

Cet été, sur Libéorleans un article sur des sans-papiers que l’Etat employait pour construire ou agrandir (excusez, je ne sais plus, j’ai la mémoire qui " flanche" et je ne retrouve pas l’article de Libéorléans) un centre de rétention mettait en lien un reportage complet ou incomplet sur Dailymotion quevoici : c’est sur le silence et ses conséquences à Mesnil-Amelot et ailleurs il me semble. Un excellent reportage, tout comme votre article Clarinette.


#14396
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - charles - 17 octobre 2008 à  20:50

je suis un adhérent du patriotisme et je suis contre les centre de rétention car "les centre de rétention c’est la misère, la solution c’est le karsher" ! Les assoc de défense des sans papiers n’ont pas compris qu’ils défendent les intérêts des mafia de trafic humains et les grands patrons voyous qui n’ont qu’une envis, c’est d’employés des sans-papiers pour les payés une misères ! le problème viens de plus bas, de leurs pays ! aucune prévention n’est faites pour leurs expliquez que le pseudo eldorado européen d’est que mirage ! Aidons les pays a gardez leurs peuples pour qu’ils arrivent à sortirent de leurs crises !

#14415 | Répond au message #14396
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - 18 octobre 2008 à  09:20

je suis un adhérent du patriotisme

Qu’est-ce que ça veut dire ?

#14421 | Répond au message #14415
Centres de Rétention : « SILENCE ! » - Mister K - 16 octobre 2008 à 09:33

Bravo et merci pour cet article, très clair et instructif.

Sur le fond, il est évident que dans cette affaire, on cherche à cacher autant que possible, le coté lamentable des centres de rétention. Rien que le nom devrait nous alerter... Et surtout, on veut faire taire tous ceux qui pourraient être amenés à alerter l’opinion publique, à l’informer de ce qui se passe vraiment dans ces centres. La France de Sarkozy veut avoir l’air propre sur elle...l’image, c’est tout ce qui compte, la réalité, on ne préfère pas la connaître...


#14385