Le livre ce n’est pas la loterie

vendredi 18 juillet 2008 à 20:32, par Michel Balland

C’est avec surprise que j’ai découvert l’article de Sarvane sur mon métier. Avec deux ans de retard, je vous prie de m’en excuser.

Le livre ce n'est pas la loterie

Je suis toujours sidéré que « l’état d’esprit loto » perdure vis-à-vis de l’édition. Il faut arrêter de faire rêver. Si une poignée d’auteurs se créent une fortune, la plus grande majorité des publiés restent sur des scores à trois ou quatre chiffres. Que ce soit dans les petites maisons d’édition comme la nôtre, que ce soit dans les grandes maisons…

De plus, le nombre de candidats est tel que nous ne pouvons répondre à la demande. Pourquoi ?

Tout d’abord, l’informatique a libéré l’écriture. Donc i y a de plus en plus d’écrivains en herbe. Du côté de l’éditeur, il est impossible de répondre à toutes les demandes. Cette profession a cette particularité de n’avoir d’investissement que dans son stock. Un genre d’investissement qui n’est pas financé par les banques de manière récurrente. L’éditeur se doit donc de développer son activité de manière sage. Ce qui le limite dans le nombre de titres édités. Pour notre propre cas, la politique de publication est d’une dizaine de nouveautés par an.

Alors, reste la fameuse copinerie pour être édité… il faut coucher… etc.…

C’est plus simple. Si l’on se rapporte à notre cas, une dizaine de nouveautés par an ; une vingtaine d’auteurs au catalogue ; une cinquantaine de manuscrits reçus chaque année. Il reste peu de place pour la nouveauté. Comment faisons-nous pour choisir ? A l’esprit le fait que notre entreprise ne peut perdurer que par l réussite des publications, nous choisissons en fonction de nos compétences, puis d’éléments tels que la fidélité aux anciens auteurs, puis ceux qui ont le plus de chance de réussir. C’est là que le critère est aléatoire. Mais l’expérience prouve que le propos de Pablo Picasso sur sa propre réussite peut s’appliquer au livre : 90% de travail.
C’est ainsi que nous avons constaté que, pour l’auteur, le travail commence dès que le mot fin est posé sur le tapuscrit. Et si nous sentons que sa capacité à communiquer est limitée, nous ne donnons pas suite.

Il est donc certain que le candidat à la publication doit avoir l’attitude compatible avec sa volonté.

Reste l’édition à compte d’auteur…

Cela peut être quelquefois le meilleur… Mai la plupart du temps c’est le pire. C’est le meilleur lorsque l’auteur ne délègue qu’en fonction des profits qu’il tire de son ouvrage. Par exemple, lorsque vous connaissez la filière où vendre votre livre, pourquoi faire appel à un éditeur qui, de toute façon, prendra sa marge d’éditeur ? Mais en signant un contrat où vous ne déléguez pas le financement, vous devez vous attendre qu’à des déceptions.

En finir avec le partage du revenu du livre

Combien de fois ai-je entendu des auteurs regretter le maigre taux de droit. C’est oublier qu’entre l’auteur et le lecteur existe des intermédiaires qui méritent d’être rémunéré. Ainsi, depuis deux ans, la Poste a plus que doublé ses tarifs pour l’envoi d’un livre : deux fois le prix de l’impression. Ce genre d’acte nous précipite un peu plus vers l’avenir du livre.

Vers une autre forme de livres

Il faut dire que le métier subit une évolution énorme. Il faut s’attendre à ce que nous voyions les mêmes changements dans la profession du livre que dans celle de la photographie. Ainsi, le livre courant en papier suivra de peu le journal dans sa disparition. Cela implique la disparition de commerces de proximité. Cela implique une communication nouvelle. Il ne restera qu’une impression pour des fins de proximité.

En professionnels, nous préférons évoluer plutôt que de disparaître.

Michel Balland est éditeur (note de la rédaction).