Croisade Croizat avec la CGT 18

vendredi 11 décembre 2020 à 09:42, par Cyrano

On avait vu ça dans le Berry Républicain, en juillet, entre deux confinements : la CGT demandait la création d’une place Ambroise Croizat à Bourges. Bah, pourquoi pas ? une marotte comme une autre. Mais la marotte dérive en véritable « culte de la personnalité »…

Le film La Sociale de Gille Perret avait ressorti Ambroise Croizat de la naphtaline – avec quelques petits arrangements avec la vérité. Malgré cela, le film-docu donnait à voir qu’on avait bien retenu les noms des concepteurs de cette Sécurité sociale qui, en 1945, devait prendre la relève des Assurances sociales tandis qu’on avait un peu passé à la trappe celui qui fut chargé de mettre en œuvre la transition.

Croisade Croizat avec la CGT 18

Pourtant, ça allait bien de soi de mêler l’architecte et le maçon puisque la poste avait émis un timbre en 2015 pour les 70 ans de la Sécu, avec les têtes de Pierre Laroque et Ambroise Croizat sur le même bout de papier pour 0,68 € (en 2021, le timbre lettre verte passera à… 1,08 € ! ah, la vache !)

Dans le Berry Républicain du 15 juillet, on lit que la CGT du Cher a transmis une demande à la nouvelle municipalité pour qu’une place de Bourges porte le nom d’Ambroise Croizat – depuis, monsieur le maire a répondu favorablement, tout semble aller tranquille. Mais non, ça ne suffit pas.

Dans le bulletin d’août de l’Union Départementale CGT 18 on lit avec étonnement un courrier du petit-fils d’Ambroise Croizat. Pierre Caillaud-Croizat. Celui-ci vient se plaindre dans le bulletin du syndicat CGT : un journal d’extrême-gauche (Lutte Ouvrière) aurait traité le grand-père Ambroise de grand stalinien. Le petit-fils ne digère pas que soit rappelé l’épisode peu glorieux de la « bataille de la production » : de 1945 à 1947, le PCF et la CGT mettaient tout en œuvre pour faire marner honteusement la classe ouvrière et particulièrement les mineurs. Le ministre du travail, Ambroise Croizat himself, était aussi sur le pont pour exhorter les ouvriers à bosser et à ne pas faire grève.

Etonnant, dans un bulletin CGT de 2020 de retrouver des fadaises staliniennes qu’on croyait périmées. Mais bah, c’est le petit-fils d’Ambroise Croizat, pas facile d’admettre cette histoire de la période stalinienne, on comprend ça, oublions.

Et ça enfle, enfle : dans le bulletin de novembre de l’union locale CGT de Bourges, on trouve sur Ambroise Croisat une ? tss, tss… deux ? non-non… trois ? quatre ? même pas, on trouve 5 pages (et sans compter l’édito, même tonneau). Faut bien ça, puisque ça cause même du pacte germano-soviétique (sic ?!). On se croirait dans un bulletin de vieux communistes néo-staliniens. Que dirait-on si il y avait une autre version qui voudrait paraître – rédigée par des trotskystes ? et dans le bulletin... d’un syndicat.

Dans le bulletin de l’UL, il est écrit, pour l’inauguration de la place qui portera le nom Ambroise Croizat : « Lors de cette cérémonie que nous voulons grandiose… » Ambroise Croizat devient un nouveau Petit père des peuples, père de la Sécu. Dans l’article, il est qualifié de « fondateur » de la sécu. N’y aurait-il pas une certaine méconnaissance de l’histoire ? Comment s’en étonner, quand on se range derrière l’historien Michel Etiévent qui a fait d’Ambroise Croizat son fond de commerce.

Otto von Bismarck n’était pas ministre communiste, il fut président du royaume de Prusse. Il avait résumé sa politique : il pratiquait « la politique du fouet et la politique du bout de sucre ». Le bout de sucre, ce fut la création de lois sur la sécurité sociale au milieu des années 1880. L’Alsace-Moselle en profita et resta sous ce régime après son retour en 1918 dans le giron national français. Malgré la création des Assurances Sociales en 1928, de la Sécu en 1945, cette région garda son régime local plus favorable que notre système.
Et ça, sans même avoir besoin d’un Ambroise Croizat ? Lui aussi pratiqua la politique du fouet avec la bataille de la production et la politique du sucre avec la mise en place de la Sécu.

On peut tricher avec l’histoire, on peut oublier, où est donc l’intérêt ? Avant de se lancer impétueusement dans des tartines sur la création de la Sécu, faudrait vérifier un peu ce qui s’est passé.
Georges Brassens avait chanté l idée de Pascal :
Mettez-vous à genoux, priez et implorez
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez

Saint Ambroise, priez pour eux.


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commentaires
Croisade Croizat avec la CGT 18 - Charles de Goal - 26 juin 2023 à 20:47

Je n’ai pas compris grand’chose à ce billet, à part que son auteur semble éprouver quelque haine à la fois vis-à-vis du PCF, de la CGT et d’Ambroise Croizat.

Tant qu’à exposer des « zones d’ombre » de Croizat, autant le faire de manière un peu utile pour le lecteur, en contextualisant et en faisant un effort d’objectivité.
Mais j’imagine qu’entre ça et une diatribe échevelée employant à moultes reprises l’épithète « stalinien », l’auteur a choisi l’option pour lui la plus plaisante. Le tout pour finir par gloser sur Bismarck... Pourquoi pas ?

On peut aussi se demander pourquoi les « zones d’ombre » interdiraient de rendre hommage, et il y a de quoi rire un coup vu les affinités de l’auteur avec un personnage (Trotski) dont le moins qu’on puisse dire est qu’il a laissé quelques taches dans l’histoire.

Pour parler comme l’auteur : « on se croirait dans un bulletin de vieux trostkystes qui n’en finissent pas de ressasser leur rancoeur d’avoir raté tous les rendez-vous de l’Histoire ».


Croisade Croizat an Panthéon : mur du çon ? - Cyrano - 4 mars 2021 à 09:45

La fièvre Ambroise Croizat ne baisse pas. A l’initiative du journal L’Humanité, il est proposé une pétition pour demander qu’Ambroise Croizat… soit au Panthéon !
On se croirait revenu dans la belle époque où les leaders PCF orgasmaient en prononçant le nom de Staline ou de Maurice Thorez. Indécrottables. On peut trouver le texte de la pétition ici.

Vous avez entendu parler du mur des cons ? Vous vous souvenez, c’était y’a quelques années, c’était un panneau affiché dans locaux du Syndicat de la magistrature avec des noms de personnalités. Ce syndicat a été condamné pour l’affichage de ce panneau. On comprend bien que c’était d’un gout douteux.
Il est donc hors de question de reprendre l’idée.
Pourtant, la liste des signataires de cette pétition nous donne un panel de personnalités plus ou moins niaises, ignorantes, gens de la politique démagos, etc. Pour signer l’ânerie de cette pétition, faut pas être bien instruit ou pas très regardant.

« Il y a cent vingt ans ans, le 28 janvier 1901, naissait Ambroise Croizat. La France lui doit l’une de ses plus belles créations collectives : la Sécurité sociale. Il en fut la cheville ouvrière et le principal bâtisseur, en tant que ministre du Travail au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans le respect du programme du Conseil national de la Résistance. ­Depuis lors, des générations de citoyens ont eu la chance de bénéficier d’une ­couverture sociale ­exceptionnelle. Il faut bien mesurer l’œuvre ­civilisatrice d’Ambroise Croizat pour ce qu’elle est : une étape fondamentale, révo­lu­tionnaire, dans la ­recherche d’une vie meilleure qui a toujours animé l’humanité. »
Allez lire la suite : presque chaque phrase est une petite menterie – un genre dont on croyait que le PCF avait mis en veilleuse, échaudé par le rapport Khrouchtchev.

Dans la liste des nominés, on trouve forcément "l’historien" Michel Etievent ; Philippe Martinez le cégétiste ; Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot, deux "insoumis" ; Gilles Perret, le réalisateur du film la Sociale avec son tissu d’approximations ; Olivier Faure, le secrétaire du PS ; Bernard Friot, bien sûr, le blablateur "communiste" ; et une floppée de pantouflards du Sénat.
Quel nom donner à ce mur ? Copier le Canard Enchaîné avec son Mur du çon ? C’est tentant.


Croisade Croizat avec la CGT 18 - anarcho-hitléro-trotskyste - 11 décembre 2020 à 11:28

Pour approfondir :

Ambroise Croizat, par Michel ETIEVENT

« Mettre définitivement l’homme à l’abri du besoin, en finir avec la souffrance et les angoisses du lendemain ». Telle fut la devise d’Ambroise Croizat, ministre du Travail de 1945 à 1947, bâtisseur de la sécurité sociale et originaire de Notre Dame de Briançon en Savoie où il naît le 28 janvier 1901. Son père, Antoine, manœuvre à l’entreprise naissante des « Carbures Métalliques » vit alors comme un fils d’usine. 12 heures par jour pour 8 sous de l’heure. À peine le prix du pain. L’enfant grandit entre les fours et ceux qui rêvent d’espoir et de solidarité ...

La suite ici : https://is.gd/b1pYPV

La sécurité sociale, sur Wikipédia : https://is.gd/PwOonO

Les grèves de 47, sur WP également : https://is.gd/naNCL4

Sécurité sociale, mythe et réalité, par Lutte Ouvrière.

Participer à la reconstruction de la France impliquait aussi que les militants du PCF se transforment en gardes-chiourme de la classe ouvrière. Dans ces années-là il fallait produire, produire encore, avec rien dans le ventre et pas grand-chose sur le dos. La CGT, celle de Croizat, s’opposait aux grèves et demandait aux mineurs, entre autres, de se tuer littéralement à la tâche. Bien loin de défendre les intérêts des travailleurs, la CGT les dissuadait de défendre leurs conditions de vie les plus élémentaires, jusqu’à ce que la marmite explose avec les grèves de 1947. Dans la même période, les marges des entreprises et les profits patronaux retrouvaient des couleurs ...

La suite ici : https://journal.lutte-ouvriere.org/node/141380

Hier, la CGT co-fondait la Sécurité Sociale. Aujourd’hui elle a adhéré à la Confédération Européenne des Syndicats dirigée par ... Laurent Berger ! cf. : https://is.gd/H2nT5b

Les mythes fondateurs ça sert à ça : idéaliser ceux que nous fûmes pour faire oublier ceux que nous sommes devenus.


Croisade Croizat avec la CGT 18 - Cyrano - 11 décembre 2020 à  16:26

En réponse à une demande sur les meurtres de trotskystes commis par le PCF dans la résistance, Robert Hue écrivait dans l’Humanité du 7 mai 1996 :
« Je n’ignore pas ce que furent les rapports conflictuels entre militants communistes et militants trotskistes au cours de notre histoire. Que puis-je en dire, sinon que les temps ont heureusement changé.
Mais faut-il en conclure du fait bien réel que Staline a fait assassiner Trotsky qu’en conséquence la mort de vos camarades trotskystes ne pourrait qu’être l’œuvre de communistes français ? Cette façon d’écrire l’histoire – à laquelle, hélas ! des communistes ont aussi cédé – n’a que trop fait de ravages durant toute une période… Je souhaite vivement qu’elle n’ait plus cours aujourd’hui.
 »

Les temps ont heureusement changé – faut vite aller le dire au petit-fils d’Ambroise Croizat avant que sur sa lancée il ne rallume les épithètes d’hitléro-trotskystes ou de suppôts du mikado. Le génocide perpétué par Saline contre les trotskystes et autres révolutionnaires devrait suffire. Les temps ont changé.

Cette façon d’écrire l’histoire – à laquelle, hélas ! des communistes ont aussi cédé – n’a que trop fait de ravages durant toute une période – La réalité nous apportera plus d’enseignements que le fantasme. Ne réécrivons pas encore une fois l’histoire sur cette Sécurité sociale qui n’a jamais été à nous (ça se serait vu !) et ne trichons pas de façon compulsive sur cette création. Trop de ravages.

Sur ce sujet, faudrait appliquer une méthode prudente. Je vous laisse découvrir l’auteur de la citation suivante :
«  L’ouvrier qui se dit être communiste mais qui se nourrit de raontars, qui n’étudie pas les documents, ne vérifie pas par lui-même les faits, ne vaut pas grand-chose. »

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Croisade Croizat avec la CGT 18 - anarcho-hitlero-etc. - 11 décembre 2020 à  19:41

Léon. J’ai gagné quoi ?

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Croisade Croizat avec la CGT 18 - Cyrano - 26 décembre 2020 à  16:18

Ho, bah, bien sûr, l’auteur est peut-être celui que vous dites, faut bien s’amuser.

Ah !... ces pauvres gens qui publient la lettre du fils d’Ambroise Croizat, et qui en rajoutent, il faut leur faire écouter la chanson de Jean Ferrat : Le Bilan.
Dans cette chanson, Jean Ferrat parle avec amertume et colère des « staliniens zélés. Le pauvre, si il savait que ça existe encore aujourd’hui...
Cette superbe chanson date de 1980, y’a quarante ans ! Que dirait-il aujourd’hui, avec les confirmations apportées par l’ouverture des archives de l’époque stalinienne.
On peut voir Jean Ferrat chanter ici. C’est sous titré pour les sourds-dingues staliniens, survivants zélés.

Mais tout le monde peut changer ? Faut s’y atteler. Et si, pour commencer, on commençait par aller vérifier un peu cette histoire Ambroise Croizat et les approximations calculées de l’historien Michel Etiévent ?

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