Stéphane Branger, voyages entre Bourges et Koszalin

Y-a-t-il une vie en dehors des déflagrations plus ou moins musicales de Popstar et Star Academy ? Oui, mais ce n’est pas aussi évident pour les artistes qui ne sont pas étiquetés « vu à la télé », même lorsqu’ils sont pétris de talent. C’est le cas de Stéphane Branger. Jeune auteur compositeur originaire de Vierzon, Stéphane Branger a déjà de nombreuses années d’activisme musical et artistique derrière lui. Ses premières expositions de poésies datent de 1987, ses premiers groupes où il officie en tant que chanteur et bassiste, de 1989.

SEPT ANS POUR UN ALBUM.
En 1993, après une première expérience discographique, il se lance dans l’aventure de la réalisation d’un album concept autobiographique d’après une histoire d’amour vécue entre la France et la Pologne Il y aborde les thèmes du voyage, le passage de frontières, la vie quotidienne et les rencontres. Il lui faudra attendre le milieu de l’année 2000 pour donner naissance à l’album « Strictement Confidentielle ». Entre temps : les galères de la recherche d’un producteur, les espoirs déçus au dernier moment dans la quête d’une maison de disque, l’exode de ses musiciens vers d’autres projets. Pas facile de s’en sortir.

Financé grâce à une bourse Défi-Jeune, Stéphane Branger a décidé de se consacrer entièrement à la promotion de cet album. Pour cela, il a même été jusqu’à quitter son emploi d’animateur du CROUS de Bourges : « j’avais fait le tour et ce n’est pas dans mon état d’esprit de rester rien que pour le salaire en fin de mois ». Et le voilà à chercher de nouveaux musiciens, à rencontrer les médias de la région pour faire découvrir sa musique pas comme les autres.

Même si modestement Stéphane Branger considère cet album comme une forme d’apprentissage, on y trouve quelques petits bijoux à l’image du dernier titre de l’album, Sur les traces du silences, d’une simplicité aussi précieuse que rafraîchissante, ou de Passage à l’Est, qui a fait l’objet du tournage d’un clip avec l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Bourges, diffusé le 5 février dernier sur France 3.

RETOUR A LA CHANSON A TEXTE.
La voix de Stéphane Branger n’est pas sans rappeler celle du chanteur Kent, dont l’univers dépeint est d’ailleurs assez proche, même si des noms comme Jean-Louis Murat, Thiéfaine, Ange ou Yves Simon sont plus souvent évoqués. Sur fond de musiques aux influences rock et jazzy réarrangées par des samples, Stéphane Branger distille des chansons aux textes poétiques assez éloignées des bonnes recettes de grand-mère show bizz.

« Ma principale activité, avant même d’être musicien, c’est d’être auteur. Je travaille pour un magazine littéraire, j’écris actuellement un album pour une amie qui est chanteuse à Nantes. L’écriture est mon activité principale. Ça m’intéresse énormément d’écrire pour d’autres personnes. »

HOMME ORCHESTRE ET PROPRE STAR.
Comme il le dit lui-même, « Strictement Confidentielle » n’est pas un produit formaté de l’industrie du disque. Alors Stéphane Branger est obligé d’être son propre manager. Il est aussi son propre attaché de presse, son propre colleur d’affiches et distributeur de tracs et son propre responsable des ventes. Il faut croire que les principaux acteurs du milieu musical qui sont chargés de soutenir les artistes de ce pays ne font pas vraiment bien leur boulot et préfèrent s’intéresser à ce qui peut rapporter gros.

Parfois, la malchance s’en mêle. Ainsi, lorsque la presse quotidienne régionale se décide enfin à parler de lui, les articles paraissent le 14 septembre 2001, date des attentats perpétrés aux Etats-Unis.

Heureusement, le vent tourne. Stéphane Branger vient tout juste de se constituer une nouvelle équipe de musiciens pour faire vivre son album sur scène. Quelques portes semblent s’ouvrir à lui. Il se donne un an pour voir s’il peut se faire une petite place dans le milieu musical, sans faire de concessions par rapport à sa démarche artistique.

Certes, il existe des voix plus faciles pour y arriver. Mais ce n’est pas la peine de lui en parler : « Popstar et Star Academy ? Je trouve cela totalement ridicule. Il n’y a aucun message artistique derrière tout ça. Il s’agit juste de clones de produits existants tels que Lara Fabian ou Hélène Ségara. Les Popstars sont symptomatiques d’une époque. On veut nous faire croire à une ascension possible. On nous les matraque partout. Voilà de nouvelles idoles. Il faut adorer de nouvelles idoles puisque de toutes façons, il n’y a plus de pensée. Alors à partir de rien, il faut idolâtrer le rien. »

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