CULTURE EN QUESTIONS

La légende dorée : l’album d’une renaissance

Interview de Frank Lopez et Catherine Marie du groupe Opera Multi Steel
jeudi 28 octobre 2010 à 17:59, par Mercure Galant

Les revoici, les revoilà ! En 2008 nous leur avions consacré un long article à l’occasion de leur dernière compilation en forme de testament. Le groupe n’apparaissait plus sur scène depuis longtemps déjà. Opera Multi Steel revient pourtant avec un album et une tournée annoncée au Brésil. À quand des concerts en France et en terre berrichonne ?

L’Agitateur : Opera Multi Steel vient de faire paraître un nouvel album intitulé « la légende dorée ». Lors de notre dernière rencontre, il y a deux ans, une telle probabilité restait encore très hypothétique.

Franck Lopez : Suite à nos précédentes sorties, notamment la compilation et les rééditions de nos anciens titres, plusieurs labels nous ont proposé de réaliser ce nouvel album. Nous n’étions pas forcément tous très enthousiastes. Dans le groupe il y avait une scission entre Patrick et Eric d’un côté, puis Catherine et moi de l’autre qui restions très réservés à cette idée.

Catherine Marie : Finalement nous avons été entraînés par des amis et des fans.

Franck Lopez : Le fait que trois labels nous l’aient proposé en même temps a aussi été un facteur déterminant. Le label [1] d’O Quam Tristis, le label brésilien [2] qui avait sorti la dernière compilation et - Ô Miracle !- un label français [3]qui avait déjà réédité notre album Cathédrale. On a finalement choisi le label qui nous l’avait proposé en premier. Sachant que le prochain album sera peut-être produit par le label français l’an prochain…

L’Agitateur : Le groupe entame donc un nouveau départ grâce aux sollicitations de ces labels.

Catherine Marie  : Il y a aussi le retour de la musique des années 80 qui entre en ligne de compte…

Franck Lopez : Oui, on assiste depuis le début des années 2000 à un regain d’intérêt pour ce qu’on nomme aujourd’hui la minimal wave grâce à des gens qui étaient très jeunes à nos débuts. Ce qui est fantastique c’est que nous nous retrouvons maintenant sur des compilations américaines ou allemandes avec des groupes qu’on adorait alors que cela paraissait inimaginable à l’époque. C’est assez curieux car nous avons ainsi des titres qui se baladent sur des compils, et qui nous font connaître un peu partout.

L’Agitateur : Très concrètement, comment avez-vous travaillé pour la réalisation de cet album ?

Catherine Marie : Patrick avait déjà écrit une multitude de petits textes, de notes. Alors lorsque nous nous sommes décidés Franck et moi, il a retravaillé une douzaine de ces textes.

L’Agitateur : Qu’est-ce qui l’inspire ? Pratique-t-il une forme d’écriture automatique ?

Franck Lopez : Patrick a l’habitude de noter au fur et à mesure, des moments de sa vie ou des phrases entendues dans la rue et qu’il a envie de conserver.... En fait, il a différentes façons d’écrire. Parfois ce sont juste des impressions…Parfois il lui arrive d’écrire un texte d’un bout à l’autre. Il prend des notes sur des bouts de nappe, des serviettes en papier, des tickets de métro, etc… Il possède une collection impressionnante !

Catherine Marie : Ensuite on s’est revu régulièrement et on a créé tous ensemble à partir de ses textes en se disant qu’on voulait retrouver l’ambiance des débuts du groupe . On a repris un vieil Elex, un clavier très ancien qu’il a fallu réparer et un Casio qu’on avait abandonné aussi . On voulait avoir chacun un instrument, sans en rajouter à l’infini.

L’Agitateur : Le son se rapproche effectivement des premiers albums mais il a gagné en profondeur…

Franck Lopez : Ce qui est énormément différent c’est qu’on enregistrait alors en 8 pistes analogiques. Actuellement on a tellement de possibilités avec l’ordinateur qu’il faut plutôt se restreindre car on a tendance à vouloir toujours en rajouter. C’est pourquoi le son est meilleur bien qu’on ait utilisé les mêmes instruments et puis on a un peu arrangé bien évidemment …

L’Agitateur : On note aussi une quantité d’effets de voix qui sont travaillés.

Catherine Marie : Cela est lié à l’expérience d’ O Quam Tristis notre autre groupe qui a laissé des traces. Et puis auparavant comme nous n’avions pas assez de pistes pour les enregistrements,il fallait privilégier les instruments et se cantonner aux deux voix d’hommes.

L’Agitateur : La présentation de l’album laisse également transparaître votre griffe. Une jaquette soignée, des images pieuses détournées grâce à des collages glissés subrepticement, ce qui donne une atmopshère un peu étrange.

Franck Lopez : Comme je l’avais déjà dit, je collectionne les images sulpiciennes de la fin du XIXème et début XXème siècle. Pour cet album on a voulu faire un ensemble avec des enfants. Sur la pochette c’est une image de communion qui a été détournée et à l’intérieur ce sont des scènes représentant la prière du matin
et la prière du soir. Quelques éléments ont été rajoutés ici et là : plumes, auréoles et logos d’OMS. C’est la première fois qu’on a les moyens de réaliser un digipack donc on a voulu faire en sorte que ce soit vraiment joli.

L’Agitateur : On trouve en plus un bonus de quatre titres, déjà présents sur l’album mais avec d’autres arrangements. Pourquoi ?

Franck Lopez : Le label voulait sortir le disque en trois versions différentes. Une version standard et une version limitée avec un peu moins de titres mais avec des versions alternatives de certains morceaux. Ils voulaient qu’on fasse faire des remix par d’autres groupes éventuellement mais comme le laps de temps était vraiment court, on a pris le parti de faire ces versions nous-mêmes. Chacun d’entre-nous a choisi un titre que nous devions arranger à notre façon. Ce qui est curieux c’est que ce sont les quatre premiers morceaux de l’album qui ont été choisis sans que nous nous soyons concertés au préalable.

L’Agitateur : Depuis toujours les titres de vos albums sont chantés en alternance par vous ou votre frère. Pourquoi ce choix ? Comment cela s’est décidé ?

Franck Lopez : On ne se dit pas à l’avance qu’il faudrait que chacun en chante la moitié… Cela dépend de qui est à la base du morceau. Le plus souvent c’est celui qui fait la mélodie qui va chanter mais nous finissons toujours par trouver un équilibre. Et puis sur certains morceaux il est difficile de jouer et de chanter en même temps (rires). Dans l’optique éventuelle de remonter sur scène un jour, c’est un élément à prendre en compte, on doit s’y préparer...

L’Agitateur : Concernant la scène, vous laissez entendre que c’est envisagé. C’est une sollicitation du label ?

Franck Lopez : Oui nous devons faire une tournée d’une semaine au Brésil en avril prochain. Ce ne sera pas trop éloigné de la sortie de l’album et il nous était difficile de nous y préparer plus tôt.

L’Agitateur : L’album est déjà diffusé là-bas ?

Franck Lopez : Oui, et il est déjà en vente également sur des sites de VPC [4] en Allemagne.

Catherine Marie : L’album se vend bien au Brésil. Peut-être parce que là-bas on télécharge moins et qu’on aime encore l’objet CD. Ce qui est apprécié aussi c’est qu’on vienne pour le signer. C’est important pour eux.

L’Agitateur : Et ensuite que prévoyez-vous ?

Franck Lopez : Nous aimerions pouvoir encore jouer et prévoir un programme de concerts par la suite.

Catherine Marie : Il y a des gens qui nous demandent, même en France !

Franck Lopez : Oui, on nous le demande… mais il faudrait savoir combien de personnes on peut attirer en France. Il faut un public. Par contre maintenant qu’on est produit par des labels on s’occupe moins de la vente directe des CD bien qu’il nous arrive encore parfois de recevoir des courriers de gens désirant se procurer des disques.

L’Agitateur : Pas d’écho de cette sortie dans la presse locale ?

Franck Lopez : Concernant Opera Multisteel, on ne sollicite plus la presse locale depuis longtemps donc on ne peut pas se plaindre. On a fait beaucoup d’efforts pendant des années jusqu’à ce que nous nous soyons rendu compte que des gens, ailleurs dans le monde, s’intéressaient à notre travail.

Catherine Marie : « Nul n’est prophète en son pays ! » [5] On peut vraiment dire qu’on a expérimenté cet adage.(rires) Et puis on a pris de la distance même si nous sommes contents de ce qui se passe loin de nous.

Site officiel du groupe Opera Multi Steel

Biographie du groupe sur Berrypédia

Série d’articles concernant l’interview paru en 2008 ici, et encore .

[4vente par correspondance


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commentaires
La légende dorée : l’album d’une renaissance - Mercure Galant - 23 juin 2011 à 13:24

Le Berry Républicain, très réactif, fait paraître un article d’une pagesur le groupe OMS.
Tant mieux pour OMS !
Il est vrai que l’Agitateur n’évoque l’histoire particulière de ce groupe que depuis... 2008 et a déjà parlé de la sortie de son dernier album en octobre dernier ! ;-)


La légende dorée : l’album d’une renaissance - Mercure Galant - 23 juin 2011 à  21:09

Et je rajoute - pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus à ce sujet- qu’il existe un article consacré à Opera Multisteel sur le site berrypedia.

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