Leçon de libéralisme pour notre président
Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus.
Le baron de Beaumarchais en posant cette question deviendra le fer de lance du libéralisme, et c’est en hommage à cette question que les plumes de droites se fédèrent dans le magazine du même nom. Mais se souviennent ils du propos ?
Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !...
Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier !Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus.
Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes...
Le valet et son maître
Pour ceux qui auraient oublié le contexte, sous l’ancien régime, les nobles justifiaient à vie un pouvoir économique et politique sans limite. Cela s’appelait l’absolutisme.
Si parfois nos livres d’histoire évoquent avec une larme à l’oeil Louis XIV le roi Soleil, il ne faut pas oublier que ce dernier est à l’origine de la première crise financière d’ampleur. Et c’est probablement les dettes de Louis XIV qui ont entraîné la chute de Louis XVI.
Pourquoi le valet qui déploie mille trésors pour survivre (toucher son RMI) est-il vilipendé par le puissant qui ruine et saigne la nation et qui ne doit tout, non à son savoir faire mais à sa naissance ?
Il paraît que nous sommes en démocratie, mais est-ce que cela veut dire que nous sommes libéraux ?
Non, les grandes écoles qui sont le sésame pour le pouvoir politique et économique sont des lieux de reproduction sociale. Les fils d’artistes, d’hommes politiques et d’industriels de cadres d’industrie font les carrières de leurs parents (famille Arnault, Bettencourt, Sarkozy, Brasseur, Delerme, Poniatovsky, Dassault ...).
Et depuis l’époque de Figaro, le libéralisme a-t-il changé au point que la naissance ait plus d’importance que la qualité ?
En quoi notre bien aimé président peut-il prétendre à être libéral alors que ses premières mesures ont consisté à renforcer le poids de la succession dans la société notamment dans le cadre de l’héritage des moyens de production et du bouclier fiscal ? A favoriser encore plus les favorisés dont la seule qualité est celle de leurs parents, et non leur intelligence ou leur combativité.
Peu importe que les néo-nobles d’aujourd’hui usurpent du titre de libéraux. Le libéralisme réclame la réforme de cette société, et notamment l’abolition des privilèges que Sarkozy octroie à une minorité. S’il est un parti qui n’est pas libéral, c’est l’UMP. S’il existe un homme politique qui est contre le libéralisme, c’est Sarkozy. Ce n’est pas parce que cette idée est corrompue par la bouche de Sarkozy qui n’aime que le son des mots et non leur pertinence, que nous devons renoncer à une société où notre réussite, et notre position sociale ne sont pas liées à notre naissance, mais à nos propres capacités.
Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil !
Je lui dirais... que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits.