Dans son édito de septembre, Mister K appelle les citoyens à se réveiller. L’affaire d’EDVIGE prouve que quand le citoyen hausse le ton, le politique est obligé de composer et réagir.
Publié au début de cet été, le décret légalisant EDVIGE passe, à l’époque, plutôt inaperçu. Il a d’ailleurs failli ne pas être vu du tout, puisque le gouvernement avait l’intention de ne pas publier de décret, arguant qu’EDVIGE n’était pas un nouveau fichier, mais la réunion de deux fichiers déjà existants : celui des RG et celui de la DST qui ont fusionné pour devenir la DCRI. Mais la CNIL ne l’entend pas de cette oreille, et enjoint le gouvernement de publier un décret. Ce sera fait le 1er juillet 2008, on a échappé au pire.
C’est le Syndicat de la Magistrature qui ouvre les hostilités en publiant un communiqué intitulé « La Vie des autres avec EDVIGE », alors que la LDH publie un article intitulé « et maintenant, EDVIGE, fichez-moi tous ces mineurs de 13 ans qui pourraient mal tourner ».
Mi-juillet, à l’initiative d’associations de défense des droits et de syndicats, le collectif Non à EDVIGE ! est créé. Une pétition est lancée (elle rassemble aujourd’hui plus de 135.000 signatures), les radios et les télés en parlent, la presse publie de nombreux articles (l’Agitateur publie une brève « Edvige adore les enfants ! »), mais aucun politique ne réagit. Les vacances, c’est sacré ! Courant Août, de nombreux recours en annulation sont déposés auprès du conseil d’état par diverses organisations.
Enfin, c’est la rentrée, et les politiques se réveillent. François Bayrou, sentant l’opportunité de faire parler de lui, s’érige en pourfendeur d’EDVIGE et appelle à participer à « un mouvement de refus républicain ». Le PS, ne sentant rien du tout comme à son habitude, ne dit rien, trop occupé à se regarder le nombril à La Rochelle. Puis c’est au tour de la majorité de regimber, en la personne de François Morin [1] qui ose se demander s’il est « utile pour assurer la sécurité de nos compatriotes [2] , de centraliser des informations relatives aux personnes physiques ayant seulement sollicité un mandat politique ou syndical ». En fait, là est la clé : par réflexe corporatiste, les politiques sont entrés dans la danse quand ils se sont aperçus qu’ils étaient concernés par le fichage d’EDVIGE. Plusieurs autres voix (Alain Juppé, Rama Yade notamment) s’élèvent alors contre le fichier. Idem pour les syndicats, puisque même le MEDEF fait part de son « inquiétude » et demande des « explications » au gouvernement. EDVIGE a du plomb dans l’aile.
A l ’échelon local, seule Irène Félix sauve l’honneur des politiques en publiant fin Août « Indignez-vous ». Yann Galut ne dit rien (incompréhensible alors que l’ordre des avocats de Bourges dénonce le fichier Edvige), pas plus que Yannick Bedin.
Serge Lepeltier, sentant le vent tourner, fait mine de s’inquiéter et « demande des garanties ». C’est d’autant moins crédible qu’il s’est largement assis sur les libertés individuelles en mettant la ville sous vidéosurveillance.
On l’aura compris, si l’avenir d’EDVIGE en son état est fortement compromis, c’est bien grâce aux citoyens, et surtout pas grâce à ceux qui sont censés les défendre face à l’arbitraire. Contre la tendance sécuritaire paranoïaque de notre gouvernement et de notre municipalité, les citoyens ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
Citoyens, réveillez-vous !
[1] Le ministre de la défense a été rappelé à l’ordre dès le lendemain par F. Fillon. Si les ministres se mettent à penser tout haut, où va-t-on !
[2] Vous remarquerez le ton martial du ministre de la défense : il parle de compatriotes, et pas de concitoyens, engagement français en Afganistan oblige !
Edvige est revenue
- 19 octobre 2009 à 20:29
Ma mère, voici le temps venu,
D’aller prier pour mon salut,
Edvige est revenue.
Bougnat, tu peux garder ton vin,
Ce soir je boirai mon chagrin,
Edvige est revenue.
Toi la servante, toi la Maria
Vaudrait p’t-être mieux changer nos draps
Edvige est revenue.
Mes amis, ne me laissez pas, non
Ce soir je repars au combat
Maudite Edvige, puisque te v’là !
Décret n° 2009-1249 du 16 octobre 2009 portant création d’un traitement de données à caractère personnel relatif à la prévention des atteintes à la sécurité publique
Décret n° 2009-1250 du 16 octobre 2009 portant création d’un traitement automatisé de données à caractère personnel relatif aux enquêtes administratives liées à la sécurité publique
#24175
[HS] - Aux mains d’EDVIGE
- Mister K
- 27 mai 2009 à 11:09
Je suis d’accord avec vous pour dire que Loppsi est un gros problème : c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres. On en reparlera certainement sur ce site d’ailleurs.
PS : l’Agitateur n’a pas attendu Loppsi pour interdire mon adresse IP (82.246.202.131), m’obligeant à utiliser un proxy pour poster ce message (dont la durée de vie ne devrait pas excéder quelques minutes ;-)
Par contre, que vous nous associez à cela par ce post-scriptum, là, je ne suis pas du tout d’accord :
1- Votre adresse IP n’est pas interdite, vous pouvez poster des messages, écrire des articles, faire ce que vous voulez (en respectant les règles de ce site qui sont pour la plupart une stricte application de la loi ou des usages d’internet). Vous n’êtes absolument pas obligé de passer par un proxy. Nous avons un système de ***modération*** pour nous protéger de dérives d’internautes dont nous pourrions être tenus responsables. On essaie de mettre des règles et de les appliquer. On fait au mieux, et ce n’est pas simple, loin de là. Vous aurez du mal à trouver des sites plus ouverts que l’Agitateur (sans que cela devienne n’importe quoi...).
2- En nous associant à cela, vous laissez penser que, finalement, les pratiques avenir de surveillance générale existent déjà. Ce n’est bien sûr pas le cas. Et l’Agitateur n’a pas le pouvoir d’un Fournisseur d’Accès à Internet (FAI) ou d’un registrar auquels le gouvernement va vouloir imposer pas mal de choses à l’avenir.
3- Nous dénoncer (même implicitement) comme complice de cela, c’est quand même vexant alors que depuis 1997, nous dénonçons toutes les dérives et les tentatives de prise de contrôle d’internet par les gouvernements ou par des intérêts particuliers.
Conclusion : votre message restera en ligne autant de temps que vous le voulez. Mais mon premier réflexe aurait été de supprimer ce message, non pas pour son contenu qui nous met en cause, mais pour vous protéger : mettre en ligne son adresse IP n’est pas conseillé (d’ailleurs, rien ne me dit que c’est votre adresse IP et pas l’adresse IP d’une autre personne). Tout comme inscrire son adresse postale ou son numéro de téléphone en ligne... Mais, à travers vos écrits, je pense que vous savez ce que vous faites, que vous maîtrisez l’outil internet et que vous êtes responsable. A partir de là, je laisse votre message. Mais si vous souhaitez finalement le faire supprimer, il suffit de nous faire signe...
#23212 | Répond au message #23209
EDVIGE 2, le retour
- B. Javerliat
- 3 octobre 2008 à 07:01
La nouvelle version du fichier de police EDVIGE s’appelle EDVIRSP [1]. Voila toutes les Edwige de France soulagées !
Dans l’article 1 du projet, on peut lire :
Art. 1er. - L’interdiction résultant du 1 de l’article 8 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci est applicable aux services de la direction centrale de la sécurité publique en charge de la mission de renseignement et d’information mentionnée à l’article 12 du décret du 2 octobre 1985 susvisé ainsi qu’aux services de la préfecture de police assurant la même mission.
A priori, comme ça, on peut se dire que le gouvernement a reculé. Sauf que cet article ne fait que rappeler la loi du 6 janvier 1978 qui interdit déjà la collecte de ce genre de données !
Mais dès l’article 2, il est expliqué comment y déroger :
Art. 2. - Par dérogation, sont autorisés, pour les seules fins et dans le strict respect des conditions définies aux articles 3 à 9 du présent décret, la collecte, la conservation et le traitement par les services mentionnés au précédent article de données à caractère personnel de la nature de celles visées à l’article 1er et qui ne sont pas relatives à la santé ou à la vie sexuelle des personnes.
Autrement dit, EDVIRSP autorise le fichage racial, politique, religieux et syndical. Retour donc à la case départ.
Quant au fichage des mineurs [2], le gouvernement n’a rien lâché sur le sujet, alors qu’il contrevient à la Convention internationale des droits de l’enfant :
Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. L’enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Bref, EDVIRSP = EDVIGE
[1] Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Relative à la Sécurité Publique.
[2] Avis de la défenseure des enfants
Voir en ligne :
Texte du projet de décret modifiant EDVIGE
#14159
EDVIGE, les élus se réjouissent
- B. Javerliat
- 19 septembre 2008 à 15:20
Michèle Alliot-Marie a finalement été contrainte de modifier EDVIGE. Les informations sur la sexualité, la santé et les origines raciales n’y figureront plus.
Et surtout ne seraient plus fichés les élus, syndicalistes, etc...
Comme prévu, la classe politique dans son ensemble crie victoire !
– François Bayrou : "C’est une victoire ! "
– François Hollande : "C’est une marche arrière !"
– La CGT : "C’est une victoire ! "
– Le Medef "Se réjouit de ces nouvelles modifications "
Bref, maintenant qu’ils ne sont plus concernés, EDVIGE leur va tres bien, aux élus, puisque ça n’est plus un danger... pour eux. Le fichage des mineurs de plus de 13 ans est pourtant maintenu !
Seule, la la LCR continue d’exiger le retrait et le non-remplacement du fichier Edvige
#14024