Printemps de Prévert

dimanche 16 mars 2008 à 22:47, par Mercure Galant
Printemps de Prévert

Proposé par la municipalité et la Bibliothèque de St Doulchard, le spectacle intitulé Pour faire le portrait de Prévert et mis en scène par la Compagnie des transports imaginaires [1] clôturait la semaine consacrée au Printemps des Poètes. Dans une ambiance familiale et conviviale, une soixantaine de personnes, de tous âges, assistait à cette unique représentation.

La parole de Prévert

Seul en scène, Dominique Tchoryk interprète ce spectacle inspiré d’une lecture de L’Enfance, texte de Jacques Prévert, extrait de Choses et autres.

« Neuilly... 1906 ! » Courte déclamation en guise d’introduction mais qui nous éloigne bien vite de l’image actuelle de cette ville bourgeoise de la banlieue parisienne. C’est plutôt la vision naïve du gamin, futur poète, qui nous est offerte. Un univers évoquant le quotidien et les tribulations d’une famille simple : problèmes d’argent et déménagements (Toulon, puis retour à Paris en 1907...) Personnages touchants : le petit Jacques qui s’ennuie à l’école, son père, agent d’assurance à la Providence, aspirant à des jours meilleurs mais qui est porté sur la bouteille, la naissance du petit frère si encombrant, le médecin de famille, le chat Sigurd ou l’oiseau et puis la mère, si douce et si discrète mais tellement présente. Ainsi défilent, à travers ce regard d’enfant, souvenirs nostalgiques et paysages d’un autre temps. Entre chaque scène, le comédien qui chante et s’accompagne au piano pour l’occasion, glisse quelques-uns des poèmes les plus connus de Prévert : Chanson pour les enfants l’hiver, Le cancre ainsi qu’une très belle interprétation de Barbara...

Un généreux talent

Grâce à un rigoureux travail d’écriture, Dominique Tchoryk a réussi à créer une jonction subtile entre les mots de l’Enfance et les poèmes de Paroles. Il nous éclaire en nous donnant sa propre version d’une histoire d’enfance et nous transporte avec lui dans un monde poétique où les mots sont rois. Une valise défraîchie, un imperméable froissé, une immense chaise de bois, un béret et un piano noirs. Serait-ce un inventaire à la Prévert ? Plutôt des accessoires pour un décor... Entrée en scène du comédien... Sa gestuelle, sa voix et ses talents de pianiste révèlent un artiste complet, sensible et généreux. A l’issue de la représentation, il écoute avec humilité et gentillesse puis répond avec sincérité et passion aux questions pour expliquer sa démarche et son travail.

Quelle reconnaissance ?

Une fois n’est pas coutume, ce spectacle de qualité (et gratuit de surcroît), a conquis son public. Les spectateurs repartent enthousiasmés... Tout le monde s’accorde pour applaudir une telle initiative. Pourtant, malgré son sourire, Dominique Tchoryk, avoue sur le ton de la confidence, qu’il regrette de n’avoir que de rares occasions de jouer à Bourges (où il réside) ou même ailleurs dans le département. Ceux qui, dans notre belle contrée, apprécient le spectacle vivant doivent se poser la question : quelles sont les collectivités locales ayant une réelle volonté de faire vivre les artistes locaux et combien prendront le risque de favoriser plus fréquemment ce genre de spectacles à l’avenir ? Espérons qu’il ne faille pas attendre la réponse jusqu’au prochain Printemps des poètes ...

[1La Compagnie des transports imaginaires est née en 2000 à l’initiative de Dominique Tchoryk. Elle a monté plusieurs spectacles depuis sa création : Maupassant (2000) Pour faire le portrait de Prévert (2003) Troisième marche, inspiré d’un texte d’ Alessandro Baricco (2006) et une création à venir, sur le thème de la première guerre mondiale, autour de lettres de poilus.